Jeremy Deller, « Art is Magic » - Ressources pédagogiques

Bibliographie

Jeremy Deller
Né en 1966 à Londres, Angleterre
Vit et travaille à Londres, Angleterre

site de l’artiste : Jeremy Deller

Il est représenté par la galerie Art Concept à Paris et The Modern Institute à Glasgow.

Jeremy Deller a étudié l’histoire de l’art à l’Institut Courtauld à Londres, puis à l’Université de Sussex. Depuis les années 1990, il développe une pratique qui se déploie sous diverses formes : performances, installations, vidéos ou affiches, souvent diffusées dans l’espace public. Il réalise des œuvres collaboratives, en produisant des rencontres, des événements avec des musiciens, graphistes ou groupes d’habitants, en faisant se croiser des horizons différents : ouvrières ou ouvriers, praticiennes et patriciens amateurs, inventrices et inventeurs extravagants, enfants, fans de rock n’roll ou de pop music. Toujours avec humour, son travail porte une attention particulière à l’histoire sociale et politique du Royaume-Uni, à l’actualité, à la culture populaire ou aux contre-cultures issues des années 1960. Grand passionné de musique, Jeremy Deller s’amuse à détourner certains stéréotypes sociétaux ou discours politiques pour les mêler à des références musicales ou artistiques inspirantes. Il décloisonne ainsi les genres et initie un dialogue entre les cultures, les personnes et les temporalités, à l’image du site archéologique de Stonehenge, qu’il transforme en jeu gonflable dans son installation Sacrilège (2012).

Son travail est présent dans les collections publiques telles que le Centre Pompidou, Paris ; Centre national d’arts plastiques, Paris ; FRAC Nord-Pas-De-Calais ; FRAC Pays de la Loire ; FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Musée des Arts Contemporains, Grand-Hornu, Tate Modern, Londres, Victoria & Albert Museum, Londres. Il a reçu le prix « Turner Prize » en 2004.

De nombreuses expositions personnelles lui ont été consacrées dont : Warning Graphic Content, MAMCO, Genève--CH (2022) ; Wir haben die Schnauze voll, Bonner Kunstverein, Bonn--DE (2020) ; Everybody In The Place, The Modern Institute, Glasgow--UK (2019) ; English Magic, British Pavillon, 55th Venice Biennale--IT (2013); Sacrilege, Esplanade des Invalides, Projet Hors les Murs, FIAC--FR (2012); Joy In People, Hayward Gallery, London--UK (2012); It Is What It Is: Conversations About Iraq voyage, The New Museum, New York, Hammer Museum, Los Angeles et Contemporary Art Museum, Chicago (2009) ; D’une révolution à l’autre, Carte Blanche à Jeremy Deller, Palais de Tokyo, Paris (2008).

En 2023, Rennes accueille sa première exposition rétrospective en France : Art Is Magic, à La Criée centre d’art contemporain, au Musée des beaux-arts et au Frac Bretagne. Celle-ci rassemble une  quinzaine de projets et œuvres majeurs qui ont ponctué son parcours, des années 1990 à nos jours. Elle est, par ailleurs, l’occasion de publier le premier ouvrage rétrospectif du travail de l’artiste en langue française.

Abécédaire

Acid House Music : Genre musical dérivé de la house, ayant émergé aux alentours des années 1980 à Chicago, aux États-Unis. Ce courant avant-gardiste et électronique se caractérise par des sonorités aiguës et stridentes. L’Acid House se développe particulièrement en Grande Bretagne. Affiche : feuille imprimée qui contient des informations et/ou des images pour les publics et qui peut être visible dans des espaces dédiés et dans la rue (ex. : affiche publicitaire). Elle est aussi beaucoup utilisée par les artistes aujourd’hui pour créer des œuvres. L’installation « Warning Graphic Content » réunit plus d’une centaine de pièces créées par l’artiste entre 1993 et 2023 dont la majorité sont des affiches.

Brass band : Un Brass band est un orchestre composé d’instruments de la famille des cuivres et de percussions. C’est plus ou moins le cousin anglais de la fanfare. Les brass band se développent en Angleterre au début du XIXe siècle. La révolution industrielle et les progrès techniques ont permis aux travailleurs de se dégager du temps libre. Certains ont commencé à se politiser et à questionner leurs conditions de travail. La stratégie des patrons, notamment ceux des mines de charbon pour pallier cette politisation a été de financer les Brass band, loisir qui n’ébranle pas leur position. Aujourd’hui encore les Brass band sont très populaires en Angleterre. Brexit : « British exit » ou « sortie du Royaume-Uni », le Brexit est le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne suite à un vote qui a eu lieu le 31 janvier 2020.

Collage : Technique qui consiste à créer une œuvre d’art par combinaison d’éléments différents de toutes natures : extraits de journaux, papiers peints, documents, objets divers.

Documentaire : Film informatif, qui vise à faire connaitre un pays, un peuple, un artiste, une technique en présentant des documents authentiques.

Espace public : Ensemble des lieux, publics (rue, place) ou privés (cinéma, café) ouverts au passage ou à la fréquentation de tous, par opposition à un domicile privé. Jeremy Deller investit l’espace public avec ses affiches mais également avec des performances et autres projets.

Graphisme : Discipline qui consiste à créer, choisir des éléments graphiques (formes, typographiques, photos, couleurs…) en les agençant sur un support de communication, de manière à faire passer un message. L’artiste s’associe régulièrement au graphiste Fraser Muggeridge pour créer des œuvres comme « Thank God for Immigrants » (2020), « Bless This Acid House » (2005) ou encore « Yacht Identification Guide » (2013).

Installation : agencement, placement de différents objets et œuvres d’art en trois dimensions dans un espace d’exposition qui participe à donner un sens aux œuvres. Jeremy Deller présente l’installation « Warning Graphic Content » qui rassemble plus de 120 affiches et imprimés de l’artiste produits ces trente dernières années.

Manifestation : Rassemblement, défilé de personnes, organisée, en un lieu donné, sur la voie publique, ayant un caractère revendicatif ou symbolique et qui veulent faire connaitre leur opinion.

Performance : Mode d’expression artistique contemporain qui se présente sous la forme d’une action accomplie par une ou plusieurs personnes et dont le déroulement temporel constitue l’œuvre. La performance diffère de la danse ou du théâtre. Dans le diaporama commenté « Beyond The White Walls », Jeremy Deller revient notamment sur sa performance « Risk Assessment », 2008. Photomontage : Assemblage d’éléments photographiques réalisé par collage dans le but de créer une nouvelle image. Dans l’exposition vous pouvez retrouver un photomontage fait par Jeremy Deller : « Profile of William Morris detected on a standing stone at Avebury, Wiltshire » (2013) Pop culture : Dans son essai « Folklore to Populor », Ray Browne explique que « La culture populaire comprend les aspects des attitudes, des comportements, des croyances, des coutumes et des goûts qui définissent les personnes de toute société. La culture populaire est, dans l’utilisation historique du terme, la culture du peuple. » Jeremy Deller s’inspire de la culture populaire britannique pour créer ses œuvres.

Rave : La rave ou rave-party est un rassemblement festif dansant plus ou moins secret, organisé par des amateurs de house ou de techno, généralement dans un bâtiment désaffecté ou en plein air.

Slogan : Formule concise et expressive, facile à retenir, utilisée dans les campagnes de publicité, de propagande pour lancer un produit, une marque ou pour gagner l’opinion à certaines idées politiques ou sociales. Jeremy Deller aime jouer avec les mots et créer des slogans pour ces affiches : « Strong And Stable My Arse » (2017), « Do Not Eat Octopus » (2017), « Thank God for Immigrants » (2020),… Stonehenge : Grand monument mégalithique (ensemble de pierre) circulaire, construit entre 3700 et 1600 av J.C, du Néolithique (âge de la pierre) à l’âge du bronze. Le site se situe en Angleterre, dans le comté de Wiltshire. C’est un monument que l’on retrouve beaucoup dans les affiches de Jeremy Deller.

Jérôme Bosch

Jérôme Bosch (1450-1516) :

Dans une interview qu’il donne avec Cheerio, Jemery Deller affirme que l’une des œuvres qu’il admire le plus est le célèbre tableau Jardin des délices (1490-1510) de Jérôme Bosch. L’œuvre aux dimensions extraordinaires (2.2m x 3.89m) est composée d’une multitude de personnages tout droit sortie de l’imagination de Jérôme Bosch. Il est selon Jeremy Deller celui qui « a inventé l’infographie et les images de synthèse »*.

*entretien avec Cheerio, in Art is magic Éd. Frac Bretagne, La Criée centre d’art contemporain, Musée des beaux-arts, Rennes, p.220 et l’autre p.221

Vous pouvez explorer plus en détail le tableau Jardin des délices sur le site : Jheronimus Bosch – The Garden of Earthly Delights (ntr.nl)

Le péché comme source d’inspiration

Jérôme Bosch (1450-1516), de son vrai nom Hieronymus Van Aeken est un peintre néerlandais du XVe siècle. Il emprunte son nom d’artiste à sa ville natale ‘s-Hertogen-bosch. Il nait en 1450 au sein d’une famille d’artistes, son grand père étant le célèbre peintre Jan van Aken.

Le contexte religieux de la seconde moitié du XVe siècle en Europe du Nord est assez particulier. L’Église catholique condamne plus sévèrement le mysticisme : présumés druides et enchanteurs sont condamnés au bucher. À cette époque, la piété devient également plus personnelle, la vie du Christ est érigée comme modèle à suivre. Tout croyant est maitre de son destin et responsable de ses propres actions. Ces dernières le mèneront vers le salut ou la damnation.

Jérôme Bosch, « le faiseur de diables »

Jérôme Bosch comme beaucoup de ses contemporains est un artiste chrétien. En 1486, il devient membre attitré de la confrérie Notre-Dame qui est vouée au culte de Marie. Dans ses toiles il évoque les Hommes qui commettent des péchés. Pour ces derniers il n’existe qu’une seule fin : l’Enfer. Les démons qu’il peint apparaissent sous formes de figures diverses plus ou moins monstrueuses. Êtres humains, animaux, végétaux et éléments mécaniques se mélangent pour former des créatures hybrides. On trouve dans ses œuvres de nombreuses références à l’alchimie et à la sorcellerie (carte de taro). Ses compositions fourmillent de créatures fantastiques subissant les châtiments de l’Enfer. Celui qui tantôt imagina ces petites créatures effrayantes, sera surnommé « le faiseur de diables ».

Le Jardin des délices (1490-1510)

Le Jardin des délices est surement l’œuvre la plus remarquable de Jérôme Bosch. Le tableau est une commande du compte Henri de Nassau-Breda. Il s’agit d’un triptyque avec, sur le panneau de gauche une représentation du jardin d’Éden, au centre, entourés par la végétation, des personnages aux activités réprimées par la morale et à droite les âmes des damnés subissant les supplices de l’Enfer. Le niveau de détail des personnages fait de cette œuvre une œuvre remarquable.

Jérôme Bosch grande influence des peintres surréalistes

Pendant plus de quatre siècles, les œuvres de Jérôme Bosch seront plus ou moins oubliées. À leur redécouverte au XXe siècle, elles deviennent une source d’inspiration pour les peintres surréalistes à l’instar de Max Ernst ou encore de Salvador Dali.

 

Anecdote musicale : La pochette de l’album Deep Purple (1969) du groupe éponyme représente une partie du panneau de droite du triptyque Jardin des délices.

William Morris

William Morris est un artiste très admiré par Jeremy Deller. En 2013, il lui consacre un des murs du pavillon britannique lors de la Biennale de Venise avec la fresque We Sit Starving Amidst Our Gold, peinte par Stuart Sam Hughes.

William Morris (1834-1896) est un dessinateur, architecte, imprimeur, écrivain, conférencier et designer textile britannique. Il est passionné de littérature médiévale et d’architecture gothique. Il est fortement engagé contre l’Empire britannique, le capitalisme et l’industrialisation.

Le mouvement Arts and Crafts

William Morris est le représentant du mouvement Arts and Crafts, que l’on peut traduire par arts et artisanats. Le terme Arts and Crafts apparait en 1887 lors de l’inauguration de la Arts and Crafts Exhibition Society à Londres. Cependant, le mouvement nait quelques années plus tôt d’un constat simple : les pièces décoratives présentées lors de la grande exposition de 1851 à Londres sont de piètre qualité. La production de masse, qui se développe depuis la révolution industrielle, en est la coupable toute désignée. William Morris, fortement influencé par les écrits du philosophe John Ruskin, fonde en 1861 Morris & Co, une entreprise de production de mobilier, textile, verrerie et papiers peints. Il est par la suite rejoint par Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti, et d’autres artistes préraphaélites. Se développent dans les années qui suivent des guildes Arts and Crafts qui fixent des normes de qualité et de prix.

Pour pallier la baisse de qualité, il faut remettre l’artisanat sur le devant de la scène en confectionnant des objets usuels tels que la vaisselle, les meubles, les tapis ou les luminaires. Ces artéfacts sont produits en petite séries et fabriqués avec des matériaux nobles tels que le bois massif, le verre, l’acier, l’émail ou encore le fer forgé. Il s’agit aussi de démocratiser le beau en concevant des pièces esthétiques et accessibles.

Les trois grands principes du mouvement Arts and Crafts sont érigés :

  1. Un artisan ne s’épanouit que s’il s’implique dans chaque étape de la réalisation de son produit.
  2. Être heureux au travail est indispensable pour créer une belle pièce.
  3. L’art doit être partout, surtout dans les objets du quotidien.

Les artistes du mouvement s’inspirent de la nature et notamment de la botanique. Ils sont aussi influencés par les œuvres d’art médiévales et gothiques. Le mouvement Arts and Crafts est en quelque sorte les prémisses de l’Art Nouveau français qui se développe dans les années 1880.

La Red House

En 1959, l’architecte Philipp Webb, construit la Red House, fameuse maison du couple Morris. Il fait appel à ses amis du mouvement préraphaéliques ainsi qu’à d’autres artisans pour en décorer l’intérieur (peintures, broderies, menuiseries, vitraux, carrelages).

Les autres artistes

Charles Robert Ashbee (1863-1942) : Charles Robert Ashbee (1863–1942) fonde la Guild of Handicraft en 1888. Il se spécialise plus particulièrement dans les arts du métal, confectionnant de nombreux bijoux et objets de décoration.

Gustav Stickley (1858-1942) est un concepteur et fabricant de meubles américains. Il découvre très tôt le monde de l’artisanat, ses parents étant eux-mêmes fabricants et vendeurs de mobilier. Il découvre le mouvement Arts and Crafts à la fin des années 1890 et fait le choix d’abandonner la production en série. Il imagine et créé un mobilier typiquement américain qui reste accessible au plus grand nombre.

Charles Rennie Mackintosh (1868-1928) est un architecte, décorateur, designer et aquarelliste écossais. Avec sa femme, Margaret Macdonald Mackintosh, ils vont imaginer et concevoir des objets très raffiné, s’inspirant de la botanique et des motifs végétaux.

William Morris et Andy Warhol

En 2014, Jeremy Deller présente Love Is Enough au Modern Art Oxford, une exposition dans laquelle il fait des rapprochements entre le travail de William Morris et celui d’Andy Warhol. Tous deux sont connus pour leurs techniques d’impression en série, leur production d’estampes et de gravures. Ils travaillent également régulièrement en collaboration avec d’autres artistes. Ce sont deux artistes engagés. Dans ses écrits, Morris critique l’industrialisation des productions artistiques du XIXe siècle. Warhol, quant à lui, parodie la société de consommation du XXe siècle dans ses images. En 1884, William Morris rédige un pamphlet intitulé « A Factory as It Might Be ». Son titre n’est pas sans rappeler la fameuse Factory (studio artistique) de Warhol à Manhattan.

Sur cette tapisserie confectionnée par Morris on retrouve la célèbre Marylin de Warhol, à sa droite on peut voir une photo dédicacée de Shirley Temple (actrice, chanteuse, danseuse et diplomate américaine).

William Blake

William Blake (1757-1827) :

En 1993, Jeremy Deller réalise son film Jerusalem, titre qu’il emprunte au fameux poème de William Blake paru en 1804. Les deux artistes, bien que nés à des époques différentes, partagent cette même idée selon laquelle l’art serait un moyen de lutter contre les injustices sociales.

Les livres enluminés

William Blake (1757-1827) est un peintre, graveur et poète préromantique anglais. En 1789, il met au point une technique d’eau-forte en relief qui lui permet d’illustrer ses poèmes. De son vivant, William Blake n’est pas un artiste très connu, il gagne sa vie en étant graveur d’interprétation. À partir de 1789, il entame l’écriture de longs poèmes « enluminés » : Les Chants d’Innocence, destinés aux enfants, puis Les Chants d’Expérience en 1793. Il va au cours de sa carrière se créer un répertoire personnel rassemblant des personnages qui lui apparaissent lors de visions. Ses productions sont très modernes bien qu’il puise son inspiration dans des œuvres de l’époque médiévale (manuscrits, sculptures gothiques).

William Blake est un artiste engagé qui soutient la Révolution française et condamne la tyrannie sociale et politique qui règne dans l’Angleterre préindustrielle. Ce sont des thématiques qu’il aborde dans son travail.

Les livres prophétiques

À partir de 1789, William Blake entreprend la rédaction de recueils « prophétiques ». Parmi eux : Le Livre de Thel (1789), Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (1790), Les Visions des Filles d’Albion (1793). Il s’inspire de la religion chrétienne pour montrer que la révolution et la poésie ont, de tous temps, été les meilleures armes contre le despotisme.

Les grandes estampes

Des œuvres qu’il a produites, sa série des douze grandes estampes est surement l’une des plus connues. En 1795, il décide de repenser la fresque traditionnelle en inventant la « fresque portative ». Cette technique permet d’obtenir jusqu’à trois impressions de la même peinture.

Parmi ces douze estampes en couleurs, on peut retrouver : Pity (1795), Newton (1795), The House of Death (1795).

Anecdote musicale : Le nom du groupe des Doors est inspiré du livre d’Aldous Huxley The Doors of Perception (1954), titre lui-même inspiré d’un vers du recueil de poèmes Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (1790) de William Blake : “If the doors of perception were cleansed every thing would appear to man as it is, Infinite. ». Comprenez : « Si les portes de la perception étaient purifiées, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est : infinie. »

Music is Magic

Pour Jeremy Deller la musique est « une fenêtre ouverte sur le monde permettant d’appréhender celui-ci dans toute sa complexité ».

-- Parmi la centaine d’affiches exposées dans l’installation Warning graphic content à La Criée, nombreuses entretiennent des relations étroites avec la « pop music ». Quelques exemples d’affiches :

-- Ce lien à la musique existe aussi au cœur des performances de l’artiste, avec par exemple la création de l’Acid Brass : une fanfare jouant en 1997 un répertoire d’Acid House, ou encore en faisant poser nu Iggy Pop, le chanteur star des Stooges, en 2015 au Brooklin Museum dans une performance intitulée Iggy Pop life class

-- La musique est également présente sous forme de documentaire dans l’œuvre de Deller, avec Everybody in the place (2019) : des premières heures de l’acid house jusqu’aux raves parties, nous suivons les liens qui unissent musique et luttes sociales, ici soumis au regard d’une jeunesse contemporaine.

Écoutez sous ce lien la bande sonore de l’exposition Art is Magic :

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Découvrez une sélection de morceaux en lien avec les affiches de Warning graphic Content à La Criée :

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Pop Art

Le travail de Jeremy Deller, très coloré et empreint de références à la pop culture, n’est pas sans rappeler les œuvres créées par les artistes du Pop Art. En 1986, à tout juste 20 ans Deller passera quelques jours dans la Factory, atelier d’artistes fondé par Andy Warhol.

Le Pop Art

Le mouvement du Pop Art apparait dans les années 1950 en Grande Bretagne et dans les années 1960 aux États-Unis. Il se met en place en réaction à l’expressionnisme abstrait et aux avant-gardistes de l’École de New York (Jackson Pollock ou Mark Rothko).

Le Pop Art pour « Popular Art » se caractérise par une utilisation des images issues de la culture populaire produites en masse : publicité, BD et télévision. Ce mouvement se veut critique du matérialisme et du consumérisme. Les sujets sont traités de façon impersonnelle et ironique faisant la part belle au kitsch. Le Pop Art signe également le passage de l’œuvre unique aux multiples par l’utilisation de techniques issues du monde industriel que ce soit par les matériaux (peinture acrylique, couleurs vives) ou par les techniques (sérigraphie, collage).

 

Le Pop Art anglais

L’Independant Group est considéré comme le précurseur du Pop Art anglais. Le groupe voit le jour en 1952 au sein de l’Institut d’art contemporain de Londres. Il est composé des peintres Eduardo Paolozzi et Richard Hamilton, du photographe Nigel Henderson, des architectes Alison et Peter Smithson, du critique d’art Lawrence Alloway et de plusieurs autres artistes.

Ensemble, ils réfléchissent à la place de l’art dans la société et aux rapports entre art et technologie. Les références à la science-fiction que l’on retrouve dans leurs œuvres témoignent de cet intérêt pour le progrès technique.

En 1956, l’Independant Group participe à l’exposition This Is Tomorrow (Whitechapell Gallery, Londres) sur le thème de la modernité. L’affiche de l’exposition créée par Richard Hamilton, intitulée Just what Is it That Makes Today’s Homes so Different, so Appealing ? (Qu’est-ce qui rend les intérieurs aujourd’hui si différents, si attirants ?), est considérée comme la première œuvre du Pop Art britannique. Paolozzi est le premier à faire référence au mot pop, le faisant figurer dans la fumée d’un revolver dans son œuvre collage I was a Rich Man’s Plaything de 1947. Mais c’est Lawrence Alloway qui, quelques années plus tard, en 1955, emploiera le terme Pop Art de façon officielle.

 

Le Pop Art américain

Le Pop Art américain nait quant à lui plutôt d’initiatives individuelles. Ce sont notamment les travaux de Jasper Johns qui lancent le mouvement. New York devient rapidement l’épicentre du Pop Art américain avec l’ouverture en 1957 de la Galerie de Leo Castelli, grand promoteur du mouvement. En 1958, Jasper Johns et Robert Rauschenberg y présentent leurs premières expositions personnelles.

Les artistes s’intéressent à la puissance des images et s’emparent avec humour des produits de marques.

Andy Warhol est considéré comme le Pope of the pop (le Pape du pop). En 1964, il fonde The Factory, célèbre studio artistique de Manhattan. Il débute dans le milieu de la publicité où il découvre la technique de la sérigraphie. Dans ses œuvres il interroge l’American way of life, la société de consommation et le star système.

Roy Lichtenstein puise son inspiration dans le monde de la bande dessinée. Ses œuvres se caractérisent par la présence d’un trait noir et épais qui entoure les dessins, d’une trame de petits points serrés, d’aplats de couleurs, de bulles de dialogues, de mots ou d’expressions.

Jasper Johns, quant à lui, s’empare plutôt des formes géométriques pour créer ses cibles et autres drapeaux. Il utilise principalement les couleurs primaires.

Patrick Caulfield (1939-2005)

Jeremy Deller présente l’affiche I Love Patrick Caulfield dans son installation Warning Graphic Content. Patrick Caulfield (1939-2005) est un peintre et graveur britannique associé au mouvement Pop Art.

En 1956, Caulfield intègre la Chelsea School of Art aux côtés de David Hockney et Allen Jones, artistes qui s’opposent à l’expressionnisme abstrait américain. En 1964, il présente ses œuvres dans l’exposition « New Generation » à la Whitechapel Art Gallery de Londres. Lors de cette exposition de nombreux artistes du mouvement Pop Art sont représentés. Cependant, Caulfield considère que le terme « Pop Art » n’est pas approprié pour qualifier son travail. On peut néanmoins retrouver des similitudes entre ses œuvres et celles de Lichtenstein ou de Warhol. Il emprunte notamment des images à l’affiche ou encore à la bande dessinée. Ses œuvres se caractérisent par la présence d’objets cernés de noir sur des zones monochromes. Ses compositions sont très stylisées et il y incorpore parfois des éléments de photoréalisme.

Caulfield est connu pour ses peintures et gravures, mais il a également travaillé la mosaïque, la peinture murale, le vitrail et les tapisseries.

 

Pop Art et musique

Le travail de Jeremy Deller est truffé de références musicales, il contribue à nourrir ce lien entre musique et art. Les artistes du Pop Art ne sont pas en reste. Richard Hamilton pense la pochette du célèbre White Album (1968) des Beatles. Celle de l’album Peel Slowly and See (1995) du groupe The Velvet Underground est, quant à elle, créée par Andy Warhol.

Stonehenge

Stonehenge source d’inspiration de Jeremy Deller

De par son histoire et les légendes qui l’habitent, Stonehenge est un monument qui fascine Jeremy Deller. L’artiste créé de nombreuses œuvres faisant apparaitre le site archéologique. En 2012, à l’occasion de l’International Festival of Visual Art de Glasgow, il imagine et confectionne une reproduction du monument en château gonflable : Sacrilege. L’œuvre est présentée dans le monde entier.

Plusieurs affiches de l’installation Warning Graphic Content comportent des représentations de Stonehenge : A Time Before Shopping, 2012 ; Stonehenge at Sunset, 2013 ; English Magic circa 1990, 2014 ; Vote, 2015 ; Stonehenge, 2018 ; Stonehenge in the early morning fog, 2021 ; Une Nouvelle Aube, 2021.

Stonehenge monument préhistorique

Stonehenge est un ensemble mégalithique situé dans le Wiltshire au sud de l’Angleterre. Ces cercles préhistoriques ont été construit sur une longue période de l’histoire du Néolithique jusqu’à l’âge de bronze, c’est-à-dire entre 3700 et 1600 av J.C. La chronologie des phases de construction du monument est de nos jours encore très discutée par les archéologues.

De nombreux mystères entourent ce site. En effet, on ne sait pas vraiment à quoi servait ce lieu. Des indices montrent que son usage a pu varier dans le temps, passant d’un cimetière à un site cérémoniel. Certains avancent l’hypothèse qu’il s’agissait d’une sorte de calendrier antique.

Stonehenge est un merveilleux témoin de l’ingénierie de l’époque et des moyens mobilisés lors de sa construction. Les plus grosses pierres, appelées sarsens et pesant environ 20 tonnes, ont été transportées sur une trentaine de kilomètres. Encore plus étonnant, les « pierres bleues », plus petites du monument, proviendraient de carrières situées au Pays de Galles, soit à environ 225km du site.

Il existe des théories plus farfelues selon lesquelles ce monument aurait été construit par des aliens ou par des humains venus tout droit du futur.

Stonehenge dans l’histoire de l’art

Jeremy Deller n’est pas le seul à s’emparer de l’imagerie du monument pour créer ses œuvres. En effet, l’ensemble a fasciné de nombreux artistes au cours des siècles.

Henry Moore visite Stonehenge en 1921. Son œuvre The Arch est présentée à l’occasion de l’exposition Sharing Form qui revient sur l’influence de Stonehenge dans le travail de l’artiste. L’œuvre est sculpté dans du travertin, roche calcaire. Elle pèse 37 tonnes pour environ 6mètre de hauteur et 5m de largeur. En 1973, Henry Moore créé une série de dessin intitulé « Stonehenge ».

L’artiste William Morris avait pour habitude, lorsqu’il était jeune, de se promener dans le comté d’Avebury, non loin de Stonehenge. Sa carrière ainsi que ses œuvres sont une source d’inspiration pour Jeremy Deller. Un article sur William Morris et le mouvement Arts and Crafts est également disponible sur  Correspondances.

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