Ferruel & Guédon, « Là où je suis, là d’où je viens, là où je vais » - Ressources pédagogiques

Biographie

Aurélie Ferruel est originaire de Basse-Normandie et Florentine Guédon, de Vendée. Elles se rencontrent alors qu’elles sont étudiantes à l’école des Beaux-Arts d’Angers. Elles partagent un schéma familial similaire, et un intérêt commun pour la tradition en tant que lien intergénérationnel, vecteur de transmission de gestes et de savoirs.

À Florentine, sa grand-mère enseigne l’art de la couture, et l’aiguille à coudre devient l’outil principal de sa pratique artistique. Le père d’Aurélie excelle aux concours de bucheron. Il transmet à sa fille une technique particulière : la sculpture à la tronçonneuse, qu’Aurélie fait sienne pour ses créations.

À elles deux, elles forment depuis 2010 le duo Ferruel et Guédon. Travailler ensemble, c’est se placer au milieu, créer un commun qui ne pourrait exister si l’on était seul. Se former en un groupe c’est également une façon de mettre en avant ce qui nous lie, nos ressemblances, tout en gardant en tête les différences. Aurélie et Florentine partagent leurs idées, leurs pensées, et conçoivent leurs productions ensemble. Elles réalisent ces productions dans leurs ateliers respectifs,  Aurélie travaillant le bois et Florentine le textile, avant de les mettre en commun.

Elles s’intéressent particulièrement à l’idée du groupe, du clan. Comment et pourquoi se rassemblent des gens ? Qu’est-ce qui fait groupe, quelle identité commune et quelles différences ? Elles inscrivent leur réflexion plastique dans une véritable démarche anthropologique, travaillant en immersion avec les communautés qu’elles rencontrent pour en déchiffrer les traditions, les mœurs, les rites, les chants, les danses et les objets. Elles recherchent les savoir-faire, les gestes particuliers que ces microsociétés peuvent leur enseigner, qu’ils soient proches comme leurs familles, ou plus lointains comme des bikers.

En 2013, elles rassemblent leurs deux familles pour produire l’installation Sisi la famille. Celle-ci se compose de treize coiffes et d’une photographie. Toutes les coiffes ont une structure identique, mais se démarquent par les différents objets qu’elles arborent. Ces objets sont ceux par lesquels les membres de cette double famille ont choisi de se représenter. Une manière de refléter l’identité de chacun au sein de l’ensemble, de naviguer entre l’individuel et le collectif.

L’humain, son histoire, sa mémoire et son savoir, est au cœur de leur pratique. Ferruel et Guédon s’imprègnent des cultures et traditions, les questionnent et les interprètent. Il en émerge des sculptures mêlant travail du bois et du tissu, céramique ou tissage. Parées de leurs  costumes, elles activent leurs sculptures par leurs danses et leurs chants lors de performances. il s’agit pour les artistes de « replacer le vivant qui est à la base de leur recherche, dans le processus de création qui les a nourries, comme les rencontres »*.

Pour en découvrir davantage : http://ferruelguedon.com/

*extrait de l’entretien de Ferruel et Guédon dans le cahier d’exposition La Suée du didon, au CRAC Le 19, 15 février au 19 avril 2020 : http://le19crac.com/expositions/suee-dindon

Rencontre avec L’Écomusée de la Bintinais

Dans le cadre de leur résidence de recherche avec La Criée, les artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon ont eu l’occasion de visiter l’Écomusée de la Bintinais.

Ce vaste musée résume cinq siècles d’histoire et de vie dans le pays de Rennes, à partir de l’exemple de la Bintinais, l’une des grosses fermes qui a prospéré en nouant des relations étroites avec la ville.
Un sentier permet de découvrir plantes et animaux dans les parcelles, avant la visite des bâtiments d’élevage. Vitrine des races de l’Ouest et conservatoire génétique, l’Écomusée joue un rôle majeur pour le maintien de la biodiversité et la diffusion de cet aspect du patrimoine régional.
Toute l’histoire du pays de Rennes est présentée à travers une exposition temporaire annuelle, diverses animations et les publications.

Les médiateurs de l’Écomusée ont chaleureusement reçu Ferruel et Guédon en les faisant découvrir les jardins de la Bintinais avec les différents nichoirs à oiseaux, chauves-souris et rongeurs. Elles ont également pu visiter la ferme et les alentours avec une explications complète de l’histoire de la Bintinais et son fonctionnement d’hier et d’aujourd’hui.

Merci à l’Ecomusée, également partenaire dans le cadre de la résidence d’Aurélie Ferruel et Florentine Guédon Là d’où je viens, là où je suis, là où je vais, pour cet accompagnement et cette découverte !

Lien vers le site de l’Ecomusée : https://www.ecomusee-rennes-metropole.fr/

À la rencontre de TOTEM Terre et couleurs

Dans le cadre de leur résidence de recherche avec La Criée, et sur les recommandations de l’Écomusée du Pays de Rennes, les artistes Aurélie Ferruel & Florentine Guédon sont allées à la rencontre de TOTEM Terre et couleurs, à Saint-Gonlay, en Pays de Brocéliande.

TOTEM Terre et couleurs est une entreprise créée en 2002, spécialisée dans le secteur d’activité des travaux de maçonnerie générale et gros œuvre de bâtiment. Leurs fondateurs sont également artistes. Véronique Gouesnard, artiste peintre et Vincent Guernion, sculpteur en terre crue, utilisent, chacun dans leur médium, des matériaux naturels. L’un façonne la bauge et l’autre fabrique ses couleurs selon des techniques anciennes. Ils détournent ces deux savoir-faire de leur utilisation traditionnelle pour en donner une lecture contemporaine. Attentifs à l’écologie et aux enjeux du 21ème siècle, ils tentent d’y participer en mêlant l’art et l’artisanat.

Véronique et Vincent ont accueillis chaleureusement Aurélie et Florentine pour leur parler des différentes techniques de bauges qu’ils ont développé au fil des ans. Ferruel et Guédon ont également eu l’occasion d’assister à la conception de brique en bauge.

Merci à eux pour cette rencontre!

Lien vers leur site : http://totem-terre-couleurs.fr/

Les animaux dans l’art

En vu des ateliers Là d’où je viens, là où je vais avec par Aurélie Ferruel et Florentine Guédon lors de leur résidence à Rennes du 15-02-2021 au 19-02-2021, La Criée propose une carte mentale avec quelques exemples de la représentation des animaux dans l’histoire de l’art et dans l’art contemporain.

Entretien avec Ferruel et Guédon dans l’émission Par les temps qui courent, sur France culture

A l’occasion de leur exposition La suée du dindon au 19 CRAC de Montbéliard (du 15 février au 19 avril 2020), Aurélie Ferruel et Florentine Guédon se sont prêtées au jeu de l’entretien radiophonique pour l’émission Par les temps qui courent de France culture. Elles reviennent à cette occasion sur leur parcours traversé de rencontres, de transmissions, et évoquent leur rapport à la matière, central dans leur création.

Un extrait d’archive lance la discussion et nous fait entendre la voix d’Annette Messager, pour qui « l’art est une croyance ». Aurélie et Florentine nous parlent alors de leurs propres croyances : leur amour commun, « presque passionnel », pour la matière, et son articulation avec la performance, qui naît d’une « envie de geste ».

Les deux artistes abordent leur rencontre, et le début de leur cheminement artistique en duo. L’une complétant la phrase de l’autre avec une complicité certaine, elles disent leur admiration mutuelle.

Entre discussions en commun et travail individuel de la matière, Aurélie et Florentine nous décrivent les étapes de travail par lesquelles elles passent lors d’une création. Elles notent aussi l’existence d’une « 3ème entité » qui les accompagne dans ce processus.

La discussion se porte ensuite sur leur intérêt pour la notion de groupe, et sur les questionnements que celle-ci engendre. Leurs échanges avec les personnes qu’elles rencontrent sont au coeur de leur travail, et nourrissent leurs créations. Les artistes évoquent également l’importance de la transmission dans leur pratique.

Un interlude musical avec Le dindon digne de Raymond Devos est l’occasion d’aborder le mastodonte animal qui trône au centre de leur dernière exposition. Elles nous parlent de leur « fascination tant sculpturale que symbolique » pour cet animal.

L’entretien se dirige enfin vers le sujet des traditions populaires, au centre de beaucoup de leurs recherches. Aurélie et Florentine s’intéressent au côté vivant de ces traditions et savoirs. Ceux-ci sont, tant par le chant que le costume ou la nourriture, à la fois signes d’identité collective et de distinction individuelle.

Le cabinet de curiosités de Christophe-Paul de Robien

En menant leur recherche autour des collections patrimoniales rennaises, les artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon ont eu l’occasion de rencontrer François Coulon, conservateur au musée des beaux-arts, qui leur a fait découvrir l’histoire de la collection privée De Robien, devenue collection publique.

Christophe-Paul de Robien (1698-1756) était un intellectuel et collectionneur amateur breton. Né dans une grande famille de Parlementaires, il succède à son père au titre de Président à mortier du Parlement de Bretagne. Son fils occupera également cette place après lui.

Durant près de quarante ans, De Robien constitue une collection qui compte des milliers d’objets. Parmi ces objets on trouve des peintures, des dessins, des objets d’histoire naturelle, du monde et archéologique, des gravures, des livres, des monnaies… Il conserve son cabinet de curiosité dans son hôtel particulier, rue du Champ-Jacquet, à Rennes. Lui-même ne se déplace pas mais fait venir des objets du monde entier, qu’il achète, troc, commande… Il ordonne des fouilles, et publie notamment un inventaire des recherches mégalithiques en Bretagne. Christophe-Paul De Robien récupère également des objets issus de collections d’autres collectionneurs, qui comptaient s’en débarrasser.

Le XVIIIe siècle annonce le début d’une certaine déchristianisation de l’Europe. Une nouvelle vision du monde se développe, qui s’appuie sur le naturalisme : la matière est ce qui lie tous les êtres vivants. Les cabinets de curiosités s’inscrivent dans cette nouvelle pensée. Le cabinet de Robien témoigne en effet de cette quête de sens, de cette volonté de comprendre le monde qui amène les collectionneurs à rassembler des naturalia ((règne minéral, végétal et animal)) et à en tenter une classification. On perçoit également chez Robien l’influence encore présente du XVIIeme siècle, et ce goût pour le fantastique, le mystérieux. Il affiche la volonté de sauvegarder des reliques d’un passé perçu comme révolu. Se croisent alors naturalia et artificialia (créations humaines : productions artistiques ou antiquités, ou encore exotiques).

Les cabinets de curiosité sont construits selon la méthode de l’ars memoriae : « l’art de la mémoire », ou encore mnémotechnique. Cette méthode s’appuie sur la logique d’association d’idées basée sur le système des loci (lieux) : associer des éléments à des lieux afin de les garder en mémoire. Il s’agit tout d’abord de choisir un lieu, ou monument, par exemple un temple, et d’en mémoriser tous les éléments (les colonnes, chapiteaux, frontons…). On vient alors « disposer » mentalement les connaissances ou objets à retenir sur le lieu, en catégories emboîtées : une colonne = une catégorie, chaque étage de cette colonne = une sous-catégorie etc. Une fois ceci mémorisé, il suffit d’activer mentalement le chemin conduisant à un élément pour s’en rappeler.

Suivant cette méthode, le cabinet de Robien cherche à présenter une trame des croyances : en quoi croient les gens, et comment le montrer par des objets ?

A la mort de Christophe-Paul de Robien, son fils Paul-Christophe de Robien conserve sa collection et l’enrichit.

En 1794, c’est la saisie révolutionnaire : l’appropriation des collections privées par la nation. Par chance, le cabinet de Robien est conservé dans son ensemble. Cependant, la ville ne dispose d’aucune compétence locale pour s’en occuper. La collection est alors entreposée et déplacée cinq ou six fois, et beaucoup de pièces sont détruites ou disparaissent.

A la fin des années 1850, on construit un grand bâtiment pour les stocker. Les objets y sont classés par catégories : beaux-arts, archéologie…

Cette collection est à la source des tous les fonds Rennais : Bibliothèque de Rennes Métropole, Musée des Beaux-arts, Musée de Bretagne et Universités de Rennes.

Une partie du cabinet est aujourd’hui présentée au Musée des Beaux-arts, tel qu’il l’était à l’époque par de Robien. Celui-ci avait en effet réalisé un inventaire manuscrit de sa collection, et fait trace de son agencement dans l’espace. Le parti pris de conserver ce cabinet intact est presque unique en Europe, les autres musées ayant choisi de disséminer les pièces sous vitrine ou par département.

A l’opposé des musées répondant à la nécessité d’une compréhension plus immédiate de l’objet présenté, le cabinet restaure en effet les étapes essentielles d’initiation, de découvertes et d’émerveillement de tout processus d’apprentissage. Les objets et leur sens ne sont pas donnés, il faut d’abord s’étonner, puis s’interroger et chercher pour découvrir.

Source :
entretien avec François Coulon, conservateur au musée des beaux-arts ; livret du cabinet de curiosités de Robien ; site internet du musée des beaux-arts : http://mba.rennes.fr/

Collections

A l’occasion de son cycle artistique Lili, la rozell et le marimba, La Criée invite les artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon à mener un travail de recherche autour des collections patrimoniales des musées de Bretagne et des beaux-arts à Rennes. Dans le cadre du jumelage intitulé Là d’où je viens, là d’où je suis et là où je vais, les collégiens de la Binquenais à Rennes sont invités également à découvrir ces collections et à en constituer de nouvelles. 

Le terme collection vient du latin collectio, qui désigne l’action de réunir. Une collection est donc avant tout un ensemble d’objets ou d’êtres vivants, que l’on a réunis dans un même endroit.

Les premiers grands collectionneurs que l’on connaisse en Europe apparurent au XVIIème siècle. Il s’agissait en général de rois, d’hommes politiques, de savants, d’artistes célèbres… On appelait leurs collections des « cabinets du curiosités ». Ceux-ci rassemblaient des objets très divers, avec des objectifs différents au fil des siècles : manifestes de la curiosité humaine, collectes des savoirs du monde, quêtes de sens, les collectionneurs cherchaient dans tous les cas à rassembler et à étudier ces objets pour tenter de comprendre le monde qui nous entoure. Les plus beaux cabinets apportaient également une certaine notoriété à leurs créateurs. Christophe-Paul de Robien était un grand collectionneur rennais. Son cabinet est encore visible en partie au musée des beaux-arts de Rennes. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter cet article

Il existe aujourd’hui toutes sortes de collections. Il peut s’agir d’objets du quotidien ou d’animaux, d’œuvres d’arts ou de bouchons en plastiques… On les regroupe pour leur intérêt esthétique, scientifique ou historique, parce qu’on aime accumuler ou parce qu’on veut les présenter au public. Une collection peut se faire par plusieurs entrées. On peut choisir de regrouper plein d’objets de même sorte, des timbres par exemple, ou au contraire plein d’objets différents mais qui partagent un attribut commun : ils sont de la même couleur, viennent de la même époque, du même endroit, étaient utilisés par une même catégorie de personnes…

Tout le monde peut collectionner et chaque collection est unique. Ce qui rassemble les collectionneurs est cette passion de l’objet.

Une collection peut être publique ou privée. Les collections publiques sont exposées dans des musées et sont accessibles à tous. On parle de collections patrimoniales. Les collections privées appartiennent le plus souvent à des particuliers, mais peuvent aussi être la propriété d’entreprises, d’universités, d’hôpitaux… Certains voient leur collection comme quelque chose d’intime, de personnel, qu’ils veulent garder pour eux. D’autres ont envie de la partager et peuvent ainsi la prêter pour des expositions, voire créer des musées ou fondations pour la présenter en permanence au public. Pour montrer sa collection, on peut aussi publier des livres, ou l’exposer en ligne.

Une grande partie des collections des musées est conservée dans les réserves. Il s’agit de grands espaces dans lesquels sont stockées, rangées, restaurées et étudiées les collections qui ne sont pas exposées au public. Une équipe de conservateurs, chercheurs et restaurateurs travaillent dans ces réserves. Toutes les collections des musées sont classées dans des catalogues : des listes détaillées des éléments qui les composent.

Le portail des collections du musée de Bretagne

Dans le cadre du jumelage avec le collège de la Binquenais autour de la résidence de recherche du duo d’artistes Ferruel & Guédon, les élèves des classes de 5°3 et de 3°1 se sont rendus au musée de Bretagne pour une découverte des collections. Ils y ont choisi des objets, que l’on peut retrouver en ligne via le site du musée.

Le musée de Bretagne s’inscrit en effet dans la politique globale de la ville de Rennes en faveur du numérique,  par le partage de ses collections via un portail en ligne. Cette ouverture des données au public permet une véritable transmission du patrimoine.

Plus de deux cent cinq mille œuvres et documents ont été numérisés, décrits et photographiés, et sont disponibles en consultation libre sur la plateforme à l’adresse suivante :

http://www.collections.musee-bretagne.fr/index.php

La plupart de ces items sont dans le domaine public ou sous des licences très ouvertes type Creative Commons, ce qui permet le téléchargement et la réutilisation des fiches descriptives ou images, gratuitement et sans demande d’autorisation préalable.

Il est possible de rechercher un objet directement, ou de passer par les parcours thématiques proposés par le musée pour naviguer à travers le portail. La recherche peut être affinée selon le type de ressource, le lieu ou encore l’époque souhaités.

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