Le Mali fut le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, celui du Mali et l’empire Songhaï. Il fut par la suite une colonie française de 1895 à 1960. Quelques années après son indépendance et jusqu’à 1990, année qui verra l’émergence d’un pluralisme politique, le Mali a vécu sous deux régimes autoritaires : l’un de type socialiste, sous la direction de Modibo Keita, l’autre de type militaire, sous la direction de Moussa Traoré.
L’ancien royaume mandingue, au Sud du fleuve Niger, fut le noyau de l’empire du Mali. C’est à partir de la victoire dite de Kirina au 12e siècle qu’il prit une importance décisive. Il succéda au Ghana, particulièrement bien placé sur les routes de l’or et du sel. Mais alors que le Ghana était resté réfractaire à l’influence musulmane, le Mali tira parti de l’Islam dont il fit un outil de centralisation politique. C’est aussi le premier État africain qui acquit une réputation internationale.
1. Constitution et apogée de l’empire du Mali au 15e siècle.
C’est le souverain Soundiata Keita que l’histoire retient comme celui qui transforma le peuple mandingue de cultivateurs prospères en un peuple guerrier. Jusqu’en 1255, il n’aura de cesse d’agrandir l’empire. Chaque province gagnée est gouvernée par un chef au nom du souverain. Les peuples vaincus sont astreints au tribut militaire. Toutes les nouvelles cultures comme le coton et les savoirs faire des artisans sont développés au profit d’un immense système de caravanes marchandes. Avec son successeur Mansa Kango Moussa, le Mali s’affirme comme le plus grand empire du Soudan jusqu’au début du 15e siècle. Il s’étend de l’Atlantique à Gao. Le rayonnement de la civilisation malienne, tout comme ses relations commerciales était alors connus dans le monde entier.
L’histoire raconte que Mansa Kango Moussa fit un spectaculaire pèlerinage à la Mecque et que lors de son passage au Caire il fit de de telles distributions d’or qu’il en fit baisser le cours durant plusieurs années.
L’empire était divisé en trois grands gouvernements, eux-mêmes répartis en cantons et en villages. Les gouverneurs étaient tout à la fois maîtres de la religion, de la justice et de l’armée. Ce fut une période prospère où se construisirent de nombreux monuments où les influences étrangères se combinaient harmonieusement avec les organisations tribales autochtones.
2. Décadence du l’empire du Mali et apparition de l’empire Songhaï.
Peuple commerçant, les Mandingues se trouvèrent à partir du milieu du 15e siècle en contact avec les négociants de la plus grande puissance maritime européenne, le Portugal. Le centre de gravité du commerce malien se déplaça alors vers la côte, d’autant plus que les grandes cités sahéliennes (Tombouctou, Walata, Gao), relais du commerce transsaharien, lui avaient échappé. Avec de riches cultures de riz, de coton et d’importantes transactions avec les négociants portugais, l’empire se maintint durant les 15e et 16e siècles puis connu l’épreuve du passage sur ses frontières et dans ses propres domaines de la puissante armée de migration Peul, réputée pour ne rien laisser intact derrière elle. Au début du 16e siècle, le Mansa du Mali (le souverain) perdit de son pouvoir dans ses provinces occidentales. Le Bourba Djolof (le roi en Wolof) occupa la rive nord de la Gambie. Et bien que le Mansa du Mali récupèra ses possessions dans les provinces gambiennes, les représentants du Mansa finirent par nouer des relations personnelles avec les Portugais et par détourner les fruits de leur commerce de l’autorité centrale. Les Peul Denianke au Nord et les Bambara à l’Est donnèrent à l’empire du Mali son coup de grâce. Les trois siècles d’existence de l’empire du Mali (13e – 16e siècles) marquèrent profondément la civilisation de tout l’Ouest africain.
3. Une organisation sociale plurielle et complexe, régie par des principes religieux.
La société de l’empire du Mali reposait sur un principe de hiérarchie et de division entre hommes esclaves et hommes libres. A Tombouctou en 1591, les marocains découvrirent par exemple un propriétaire de 297 familles de serfs et habitant six villages. Ce fonctionnement reposait sur un système de « devoirs réciproques », le seigneur devant en échange du travail accompli, une assistance absolue à ses vassaux. Cette hiérarchie sociale se trouvait fondée toute entière sur la croyance religieuse. Le chef ou souverain local ayant le pouvoir d’intercession auprès des puissances divines et religieuses.
A cette organisation centralisée, se superposait des structures sociales dites sans État, allant du cercle familial au village en particulier chez les peuples animistes. Chez les Somba du Dahomey par exemple, à la mort du père chef de famille, tous les fils s’éloignaient à une portée de flèche les uns des autres pour vivre indépendants, mais tous avaient en commun le culte des ancêtres et des liens rituels très forts autour des mêmes dieux et des même esprits de la terre. Contrairement aux sociétés étatiques, il s’agissait de démocraties tribales égalitaires. La division du travail, néanmoins était elle aussi fondée sur des principes religieux. La transmission d’un métier à quelqu’un d’étranger au clan était par exemple impossible. Il ne suffisait pas à un forgeron d’apprendre son métier, s’il n’avait pas reçu de sa famille ou de son clan la mission héréditaire confiée par un génie du feu et de la forge à son premier ancêtre.
La hiérarchie sociale, calquée sur la hiérarchie politique a transformé les liens entre les hommes dictés alors majoritairement par la subordination au souverain. L’influence de l’Islam est le pilier de cette transformation, l’Islam imposant un dieu unique respecté de tous et incarné par le souverain, en lieu et place d’un panthéon de dieux protecteurs du clan.
Cette organisation se retrouva au sein de tous les grands empires islamisés, empire du Mali, Songhaï, Ghana mais aussi dans les royaumes restés animistes : Bambara, Mossi, Abomey qui imitèrent ces institutions pour résister à la puissante influence de leurs voisins.
Sources :
Sur le site Persée, L’empire du Mali aux XVe et XVI e siècles, par Madina Ly. Publications de la Société française d’histoire des outre-mers, 1981 (extrait d’un numéro thématique : 2000 ans d’histoire africaine. Le sol, la parole et l’écrit. Mélanges en hommage à Raymond Mauny. Tome II)
Histoire des peuples noirs, Assoi Adiko et André Clérici, CEDA centre d’édition et de diffusion africaines, collection Histoire à l’usage des écoles des pays africain, Abidjan, 1963.
Petite histoire de l’Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours, Catherine Coquery-Vidrovitch, La Découverte, 2011
lecture complémentaire :
Le conflit de 2012 et la détonation malienne, les ressorts de la crise, mémoire de master 2, Myriam Arfaoui, sous la direction de Olivier ZAJEC, 2014_2015, sciences politiques, université Jean Moulin, Lyons 3. Relations Internationales. Parcours Diplomatie.