L’adjectif vernaculaire (du latin vernaculus, « du pays, indigène, national ») est généralement utilisé pour qualifier ce qui provient d’un pays ou d’une région donnés, avec des caractéristiques propres et localisées, endémiques pourrait-on dire : ainsi on parle de langues ou de noms vernaculaires, d’architectures vernaculaires, etc. Le vernaculaire s’ancre donc toujours quelque part. Il a à voir avec le génie du lieu.
Le vernaculaire ne se cantonne pas pour autant à une tradition figée : les productions vernaculaires, si elles se nourrissent des caractéristiques a priori immuables du lieu où elles prennent vie (la géographie, le climat, mais aussi certains “us et coutumes”), sont également façonnées par les changements qui y interviennent (nouveaux usages, passages et migrations, influences de la globalisation, etc.). En ce sens, elles sont d’ailleurs puissamment assimilatrices. Génie du lieu donc, mais d’un lieu ouvert.
Le titre du cycle reflète cet ancrage ouvert, – créole et archipélagique pour reprendre les termes du philosophe et poète Édouard Glissant. La rozell est un ustensile de cuisine breton, le marimba un instrument africain à l’origine mais dont l’usage est également très répandu en Amérique latine, Lili est un petit nom à multiples consonances.
Le cycle Lili, la rozell et le marimba est donc l’occasion de poser une série de questions quant aux points de rencontres entre vernaculaire et création contemporaine, et notamment :
-- Sous quelles formes la richesse des apports et influences entre arts dits contemporains et arts dits traditionnels (de faire, artisanaux, folkloriques, populaires, bruts, naïfs, etc.), entre modernité et tradition, entre local et global, se décline-t-elle dans la création contemporaine ?
-- De quelles (nouvelles ?) manières les artistes travaillent-ils à partir de contextes dit locaux ?
-- Comment les artistes participent-ils à repenser les liens entre savoir du peuple et savoir savant, entre local et global, entre l’autochtone et l’étranger ?
Ce cycle s’inscrit par ailleurs dans la continuité de l’intérêt que le centre d’art porte au récit :
-- Comment les récits personnels sont-ils les véhicules de l’Histoire ?
-- Est-on légitime à parler d’une histoire qui n’est pas la sienne ? D’où parle-t-on ? Comment parle-t-on ?