Flasque(s)

Christelle Familiari

Christelle Familiari, vue de l'exposition Flasque(s), La Criée centre d'art contemporain, Rennes, 2008 © Benoît Mauras

vingt deux sculptures en céramique, 60x 54 x 36 cm, 36 x 25 x 17 cm,
31 x 26 x 19 cm, 32 x 30 x 15 cm, 52 x 45 x 40 cm, 52 x 47 x 24 cm,
42 x 35 x 31 cm, 63 x 58 x 30 cm, 76 x 46 x 39 cm, 70 x 70 x 37 cm,
58 x 50 x 42 cm, 57 x 55 x 32 cm, 50 x 44 x 36 cm, 63 x 50 x 36 cm,
33 x 37 x 27 cm, 33 x 22 x 33 cm, 33 x 22 x 33 cm, 70 x 63 x 31 cm,
60 x 58 x 18 cm, 72 x 70 x 32 cm, 39 x 32 x 23 cm
sol en argile cru
trois photographies noir et blanc réalisées par Bernard Renoux
tirages argentiques sur papier baryté, 150 x 120 cm chaque photographie

Pour son exposition à Rennes, l’œuvre de Christelle Familiari se décline dans un nouveau rapport à l’espace d’exposition et à la sculpture : trois tonnes d’argile blanche servant à la fabrication de céramique ont été étalées sur la totalité de la surface de La Criée, invitant les visiteurs à « modeler » discrètement la terre au fur et à mesure de leur déambulation. Ce paysage de terre est ponctué de sculptures en céramique, intitulées Flasques, à savoir des formes abstraites ayant l’apparence trompeuse de formes molles.

Les premières Flasques ont été réalisées durant l’été 2006, au cours d’une résidence à la galerie associative Interface (Dijon) et montrées dans l’exposition qui lui faisait suite. Elles étaient alors associées à une série de collage, réalisés à partir de pages de magazines de mode, qui orientaient la lecture vers les thèmes de la dislocation, du démembrement et de l’abandon. Cette première série de Flasques est née du travail de la matière et de sa mise en échec en utilisant la technique du colombin : un boudin de terre est façonné puis fixé sur les bords de la vasque, cette technique irrégulière génère des surpoids de matière qui peuvent induire un affaissement de la forme que Christelle Familiari a ici recherché et encouragé. Les Flasques traduisent ainsi le mouvement de transformation de la céramique, l’épuisement de la forme sous son propre poids et ces sculptures suggèrent le geste de l’artiste mais aussi un état, celui de l’abandon de soi, l’abandon de la forme elle-même.

Les Flasques présentent ici ont été réalisées dans les ateliers du CRAFT (centre de recherche des arts du feu et de la terre) en juillet, aout et septembre 2007, elles sont cuites et émaillées.

Dans l’exposition Flasque(s) à La Criée, la présence de l’artiste s’est retirée au profit d’autres formes de présences, à la fois plus discrètes et plus complexes. Les sculptures disposées au sol ont été modelées avec la même matière utilisée pour recouvrir le sol de La Criée, ce qui les englobe et les relient dans un tout, tel un paysage dans lequel le visiteur se retrouve impliqué malgré lui. Avec le temps, l’argile va devenir poussière et les céramiques vont se détacher de la masse. Elles vont ainsi ressurgir pour réapparaître plus fragiles, dénuées de socle et dispersées dans l’espace.

Pour conserver une trace et témoigner de l’évolution de la pièce, Christelle Familiari a fait réaliser trois photographies. La première a été prise le 2 janvier 2008, avant toute trace d’intervention extérieure dans l’espace. La deuxième révèle l’état de l’œuvre au lendemain du vernissage et la troisième sera réalisée quelques temps après. Ces trois photographies noir et blanc sont présentées dans la petite salle de la criée et témoignent de la mémoire de cette œuvre éphémère, en constante évolution.

Le visiteur se trouve ainsi pris dans cette œuvre, acteur de sa présence et spectateur des états passés. C’est bien à ces mises en jeu, de soi, de l’appréhension de l’espace et de la sculpture, que Christelle Familiari nous convient.

Carole Brulard

production :
-- La Criée centre d’art contemporain, Rennes
-- Le Lait centre d’art contemporain, Albi

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Christelle Familiari

11 janvier
24 février 2008

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