tissu, feutre, acrylique, dimensions variables
« Pans d’écriture, pans de tissu, pans de vie à traverser, à lire, à contempler, à écouter… Se laisser entraîner par le rythme des mots, plonger dans un univers poétique, s’engouffrer dans les pensées vagabondes d’une jeune algéroise lucide et rêveuse, voilà ce que nous offre Samira Sahnoun ; voilà ce qu’elle offre plus exactement au vent qui le transmettra à qui tend une oreille attentive, à qui pose un regard curieux sur le monde.
Les mots jaillissent des profondeurs de l’âme et viennent délicatement se poser sur la surface transparente de voiles placés au seuil d’une porte. Ils s’organisent en cercles, en frises, en spirales, en triangles, en carrés, en étoiles, ect. Ils se dessinent en rouge, en vert, en ocre, ect, transportant ainsi avec eux toutes les couleurs de leur terre d’origine, toute la tradition arabo-musulmane sur laquelle s’est construite la culture algérienne.
A distance les mots sont des formes tirées de la géométrie simple. A proximité, ils se remplissent de sens. Français et tifinigh* se mêlent et se complètent pour rendre hommage au célèbre écrivain algérien Kateb Yacine et à son égérie NEDJMA**. Samira Sahnoun – jeune femme qui n’a connu que les tristes jours d’Alger – rend hommage à celui qui, par ses mots, lui a fait redécouvrir la beauté cachée d’Alger, la majesté simple des gestes quotidiens. Comment ne pas l’en remercier ?
Il y a aussi ce vent à qui l’on confie ses pensées les plus intimes et qui vient faire danser les voiles tatoués de mots. Voiles à l’écoute du vent. Il y a ces voiles justement qui, par leur translucidité, permettent une rencontre toute en retenue et en pudeur entre l’intérieur et l’extérieur, entre soi et le monde. Voiles qui dévoilent et plus encore… »
Aurélie Bruhl, « La profondeur des choses se cache à la surface », Ouvertures algériennes, créations vivantes, Editions La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2003
* Le tifinigh est une écriture à motifs abstraits et figuratifs utilisée par les touaregs du désert saharien.
** Kateb Yacine, Nedjma, Paris : Suil, 1956.
Pour aller plus loin
Samira Sahnoun
Artiste