dessin mural
Lors du vernissage de son exposition rétrospective à La Criée, Willem a pris son feutre pour exécuter sur le mur du centre d’art un dessin. Il met en scène les personnages grand-guignolesques qui dirigent notre pays. Jospin, Chirac, Alliot-Marie, Hue, Seguin ou encore Tibéri s’adonnent à ce qui semble être leur sport favori : la bagarre. On se mord, on s’arrache les cheveux ou on se tire le nez. Willem représente avec ironie et non sans justesse les coups bas et les règlements de compte de la classe politique dont fait état chaque jour la presse et la télévision.
Alexandra Gillet
« La politique, les affaires de la cité, ne peuvent exister pour Willem sans cette transgression carnavalesque, ce grotesque qui renverse les valeurs établies. Comme chez Ensor, sur ces masques du pouvoir, les quelques sourires sont macabres en ce sens qu’ils anticipent le Grand Saut, le rictus figé du squelette.
En mettant en lumière la vanité risible de toute recherche de domination, le dessinateur semble vouloir provoquer l’éclat de rire général qui sauvera le genre humain. Par la vertu de l’encre noire, l’organe du parti devient donc une andouillette. Les trous du cul de telle formation politique ou tel groupuscule terroriste nous apparaissent littéralement. L’homme est un loup ou un tube pour l’homme, c’est selon. Le milieu extérieur est une jungle. Plis, bourrelets, vagins, poitrines, doubles mentons, fessiers, calvities, dentitions et testicules sont ici des marques de la fascination qu’exerce notre espèce sur Willem. Les formes multiples que prend cette dernière n’empêchent pas un destin commun : l’anéantissement. « L’écorché » de Houdon peut aller se rhabiller. »
Tanitoc, « Willem, dessinateur presse », Tout est politique, Rennes, éditions électriques, La Criée centre d’art contemporain, 2001
Pour aller plus loin
/ Willem
Artiste