bâche polyane, feutre, 475 x 770 cm

Le travail de Marie-Jeanne Hoffner prend son origine dans le relevé, l’empreinte de lieux ou de volumes qu’elle matérialise par des tracés, des moulages, des cartographies. Ces différentes opérations composent un processus de fabrication qui va, par le jeu d’aller-retours, de l’atelier à l’espace d’exposition. Cette recherche et cette façon d’éprouver l’architecture visent à inscrire l’œuvre dans un rapport dialogique avec le lieu qui l’accueille.

Pour l’exposition Espace Vital à La Criée centre d’art contemporain, l’artiste réalise Perspective 1 : le dessin à l’échelle 1 d’une architecture tracé sur une bâche en plastique transparente. L’installation de 475 x 770 cm sépare la salle d’exposition en deux, telle une surface-écran, tout en jouant sur une fonction de mise en relation de l’œuvre à l’espace, et des œuvres entre elles : « Ici à La Criée, le dessin est le lieu du glissement entre deux espaces, invite et ferme à la fois » déclare l’artiste. Fendue en son centre pour permettre le passage du visiteur, l’œuvre cristallise son déplacement dans l’espace à travers un mouvement : celui de la traversée. Le spectateur est alors invité à appréhender un volume tridimensionnel – en l’occurrence celui de La Criée – par le biais d’un dispositif bidimensionnel. L’œuvre propose ainsi un mode de lecture de l’espace en substituant à l’idée de profondeur celle d’un rapport physique.

L’œuvre de Marie-Jeanne Hoffner opère des déplacements (géométrie, planéité, matière, transparence, etc.) pour venir interroger notre rapport au lieu, l’expérience que nous en faisons et notre façon de l’appréhender. « Comment déplacer un espace, ou le souvenir de cet espace ? C’est une histoire de restitution à l’origine, un solipsisme : ce que j’éprouve détermine ma propre perception de la réalité. Dans cette logique, le réel n’est que ce que je ressens. Le paradoxe tient à cela : j’emmène avec moi une certaine idée, comme une photo souvenir que j’entrepose dans un lieu neutre. L’adaptation plus ou moins réussie de l’installation est déjà de l’ordre de l’interprétation. »*

* Marie-Jeanne Hoffner, entretien avec Emmanuel Posnic, Art Présence, n°43, juillet-septembre 2002, pp. 28-34

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