Nicolaï (before) / Vladimir (after)

Christophe Pichon

Christophe Pichon, Nicolaï (before) / Vladimir (after), 2001

Nicolaï (before), tirage ilfochrome, 64 x 44 cm
Vladimir (after), tirage ilfochrome, 64x44 cm

Nicolaï (before) et Vladimir (after) sont deux photographies indépendantes l’une par rapport à l’autre, mais que Christophe Pichon a choisi de confronter lors de l’exposition Echos – Graphies. L’une représente le regard de Nicolaï Ceaucescu enfant et l’autre la main de Lénine embaumé – l’avant et l’après – voir et agir. En photographiant des images (cinématographiques, diffusées sur un écran de télévision ou figées), l’artiste procède à un deuxième « arrêt sur l’image », expression empruntée à Serge Daney. La photographie arrête l’objet dans son mouvement (mouvement du regard, mouvement de la main qui se décompose), une suspension qui donne à l’image une existence propre.

Le fragment de l’œil ou celui de la main ne sont pas sans évoquer l’idée du fétiche dans le sens où l’image constitue une empreinte de la chose et non la chose elle-même.

Alexandra Gillet

« L’œil chez Christophe Pichon, n’est pas uniquement un œil réflexif, analytique. C’est un organe qui déborde sa fonction assignée de clairvoyance pour aller vers ce que Bataille nommerait l’œil pinéal, à savoir un clin d’œil parfois monstrueux, de toutes les manières un œil qui est à la fois de l’ordre de la béance ou de la protubérance corporelle. Mais plus encore, cet œil est d’abord l’œil de la caméra, suivant par là l’observation que fait Gilles Deleuze au sujet du cinéma de Vertov : « L’œil n’est pas celui trop immobile de l’homme, c’est l’œil de la caméra, c’est-à-dire un œil dans la matière, une perception telle qu’elle est dans la matière, telle qu’elle s’étend d’un point où commence une action jusqu’au point où va la réaction. »* La main viendrait alors au secours de cet œil de la caméra, comme s’il fallait éviter de penser uniquement avec sa rétine. « Penser avec les mains » disait Jean-Luc Godard pour qui le cinéma ne peut se concevoir sans être une histoire de mains. »

Larys Frogier, « Le photographique à l’épreuve de la répétition : Andy Warhol, Félix Gonzalez-Torres, Christophe Pïchon, Cindy Sherman », in Reproductibilité et irreproductibilité de l’œuvre d’art, actes de colloque bilingue, Bruxelles : La lettre volée, 2001

* Gilles Deleuze, Cinéma I : L’image-mouvement, Paris : Minuit, 1983, p.60

Pour aller plus loin

Échos-Graphies

exposition collective

14 septembre
16 octobre 2001

Expositions à la Criée