Indifférences

Anne Durez

Anne Durez, Indifférences, 2001 vidéo couleur, 20 min

vidéo couleur, 20 min

La vidéo Indifférences emprunte la structure d’un diaporama : alternance d’images pendant 15 secondes et de plans noirs d’une durée de 7 secondes. Les images qui défilent représentent des paysages naturels et urbains : tour d’immeuble, maison individuelle, champ, cimetière, infrastructure, forêt, lieu désaffecté… Les photographies ont été prises à l’aube, à l’heure où le soleil n’apparaît pas encore mais commence à diffuser une lumière bleuté, et où l’éclairage urbain va bientôt s’éteindre. L’utilisation d’une pellicule diapositive Tungstène accentue l’aspect artificiel de l’image.

Alexandra Gillet

Arpenter des espaces naturels et urbains relève de la promenade solitaire et intimiste, dans le secret d’un temps qui n’est pas encore investi par l’effervescence d’une activité humaine. La désertion de l’espace réel et la fragilité formelle de ces images composent un temps et un espace sensibles où tout devient possible en terme d’investissement poétique d’un champ du désir. Dans l’espace d’exposition, il faut savoir que ces images sont projetées à échelle humaine dans un espace totalement noir qui contraint le spectateur à une certaine proximité physique avec l’écran. Le rythme de défilement s’opère selon une succession alternée d’un plan imagé fixe, et d’un plan noir. Le passage d’un plan noir à une image se fait au moyen d’un fondu enchaîné, tandis que le passage d’une image à un plan noir intervient comme une césure. Cette différence temporelle n’est pourtant pas éprouvée en terme purement chronologique dans l’espace d’exposition. Le plan noir, logiquement plus court, produit l’effet d’une dilatation temporelle équivalente à la durée l’image. Cette dilatation temporelle invite à une disponibilité toute particulière du visiteur pour se laisser aller aux associations d’images entre elles. L’espacement entre deux images n’est pas du rien ou de l’insensé. Il devient un espace de respiration au sein de la série, mais aussi un espace de projection d’images mentales propres à chacun des visiteurs.

Larys Frogier, catalogue de l’exposition Echos – Graphies, Rennes : La Criée centre d’art contemporain, 2001

Pour aller plus loin

Échos-Graphies

exposition collective

14 septembre
16 octobre 2001

Expositions à la Criée