Album #3, #4, #5, #6, #7, #8
albums de photographies
47,5 x 36,7 x 12,7 cm

Les différents albums de Christophe Pichon rassemblent un corpus d’images extraites de films pornographiques amateurs. Ce n’est pas le gros plan, l’insert sur le sexe qui est ici représenté, mais là où la pornographie n’est pas, son hors-champ. Chaque album dresse un éventail, une déclinaison qui s’articule autour d’un thème – le visage, le fonctionnement d’un corps, la femme soumise au regard de l’homme, le lieu. La présentation des albums joue sur une ambiguïté. Chaque album est enchâssé dans sa caisse de transport, comme dans un écrin, ce qui lui confère le statut d’un objet précieux. Mais cet aspect est contredit par la pauvreté des matériaux : une simple caisse d’emballage, des photographies sous film plastique, leur possible manipulation. Suggestion que l’image en soi n’a pas de valeur.

L’acte de photographier l’écran de télévision sur lequel défile le film, de recadrer une image déjà existante évoque dans le travail de Christophe Pichon l’idée d’appuyer doublement sur une figure rétinienne. L’image pornographique étant elle-même définie par un cadre et un hors-cadre. A partir de fragments l’album reconstitue une machinerie. Selon Larys Frogier « l’acte photographique serait alors un acte fétichiste remarquable en ce sens qu’il procède à cette fixation sur une présence pleine et muette (le fétiche). Mais dans le même temps, il fonde, par exclusion ou négation, un hors-champ photographique qui serait la manifestation de la terrifiante absence »1 (l’absence de phallus chez la femme).

Alexandra Gillet

* Larys Frogier, « Le photographique à l’épreuve de la répétition : Andy Warhol, Félix Gonzalez-Torres, Christophe Pïchon, Cindy Sherman », in Reproductibilité et irreproductibilité de l’œuvre d’art, actes de colloque bilingue, Bruxelles : La lettre volée, 2001

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