structure en bois, dessins, aquarelles, photographies, collages,
cartons d’emballage dimensions totale 8000 x 1500 cm

« J’ai l’habitude de travailler l’espace d’exposition où je présente mes travaux. Les gens entrent dans Virgin Forest où ils découvrent mon travail. La salle est transformée en un immense bateau, métaphore qui emmène les visiteurs dans mon univers. Je m’attache à créer des atmosphères, des émotions, des sensations fortes et des petites réflexions sur notre société contemporaine. J’ai recouvert le sol avec des cartons d’emballage en provenance de divers horizons. Ils illustrent bien les relations entre le Nord et le Sud, qui oscillent entre l’import de produits et l’export des personnes. On peut le voir dans la vieille Europe. Mes travaux et moi assumons la même condition que ces produits soumis à l’exil. » *

Sur cette structure en forme de bateau en construction prolifèrent différentes œuvres antérieures. La série d’aquarelles Baptism retrace une anecdote personnelle : la famille de Bathélémy Toguo s’inquiétant de ne pas le voir entouré de femmes et d’enfants lui conseille de consulter un guérisseur. Baptism nous plonge dans un monde hallucinatoire dans lequel plane les propres folies de l’artiste. En regard, collages, photographies, dessins retracent un cheminement entre des performances (Transits), des visages issus de rencontres (Ciudad de Oviedo), des réflexions sur la dualité Nord/Sud, ou le thème de l’exil.

* Barthélémy Toguo, entretien avec Virginie Sébille, livret de l’exposition Virgin Forest, 2000

Le travail de Barthélémy Toguo procède par l’accumulation, et la prolifération de signes propres à perturber et à interroger les clichés et les clivages entre monde « occidental » et monde « non-occidental » (puisqu’à ce sujet la dénomination s’opère par exclusion). Dans sa pratique, il est assez significatif de constater que deux esthétiques se côtoient, s’affrontent ; stigmatisant son parcours personnel et le déracinement. Entre des portraits photographiques et des dessins ou des sculptures plus brutes réalisés avec des matériaux propres à une tradition, une géographie, le bateau se présente comme une réponse possible aux paradoxes produits par l’im(é)migration.

Alexandra Gillet

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