vidéo couleur, 20 min
La vidéo Burns met en scène un adolescent qu’Olivier Dollinger a rencontré dans la ville de Rennes. Le jeune homme, isolé dans l’espace d’exposition de La Criée pendant plusieurs heures, n’a pour seule distraction qu’un walkman et un scooter. L’alternance entre les moments où il écoute de la musique et ceux où il démarre le scooter pour en faire patiner la roue contre le sol ou le mur, l’accélération de l’engin et le ralenti de l’image contribuent à accentuer cet enfermement.
Alexandra Gillet
« À partir de situations données ou de tensions créées entre des (stéréo)types propres à deux sous-cultures – celle de l’art et celle de la musculation par exemple – Olivier Dollinger travaille dans les interstices des différences et des oppositions. On pourrait faire sienne la déclaration du philosophe Gilles Deleuze : l’essentiel apparaît lorsque les différences petites ou grandes l’emportent sur les ressemblances, lorsque deux histoires tout à fait distinctes se développent simultanément, lorsque les personnages ont une identité vacillante et mal déterminée ». En effet, l’artiste aime déceler chez les individus une fragilité qui ouvre des possibilités d’existence et de transformation au sein d’un espace ou d’un groupe social prédéterminé. C’est ainsi ce qui a lieu dans sa production Burns réalisée à La Criée. Le propos d’Olivier Dollinger n’est aucunement de replacer démagogiquement une situation sociale dans un espace d’exposition. Il est de filmer chez cet adolescent des sentiments d’enfermement et d’aliénation au sein d’un espace neutre et quasi clinique. Les sensations d’appréhension, d’isolement et d’étouffement prédominent dans cette vidéo. La violence latente de la situation s’extériorise par les départements de l’adolescent dans l’espace et par les dégradations effectuées avec le scooter sur le sol. »
Larys Frogier, brochure de l’exposition Ex-change, Rennes, La Criée centre d’art contemporain, 2000
Pour aller plus loin
Olivier Dollinger
Artiste