Daylighting : mais c'est l'eau qui parle

Euridice Zaituna Kala

8 février
27 avril 2025

Expositions à La Criée

Que nous dit le fleuve quand on l’écoute ?
Que nous révèle la ville si on la regarde en changeant de perspective ?

Présentation

Pour construire l’exposition Daylighting, mais c’est l’eau qui parle* à La Criée, Euridice Zaituna Kala a parcouru Rennes et entamé un dialogue avec certains des éléments qui composent la ville : son fleuve, ses architectures de verre et de pierre, ses populations et ses plantes oubliées, ses transparences et ses reflets. Il s’agit d’un dialogue fait à la fois d’intériorités et d’extériorités, d’éléments objectifs et subjectifs, de récits et d’images. Au travers d’une installation en mouvement qui se déploie dans tout l’espace du centre d’art et qui inclut verres industriels et soufflés, images en transparence, lumières colorées, graines anciennes et récits plurilingues, Euridice Zaituna Kala donne voix à ceux qu’on n’entend pas, peu ou plus : le fleuve en partie enfermé, les espèces endémiques rejetées, les ancêtres oubliés ou dont les récits ont été recouverts par d’autres récits (tels le développement urbain, le pétro-capitalisme ou encore la langue française).

L’ancrage rennais est par ailleurs débordé autant qu’enrichi par de multiples ailleurs :

-- New York, où l’artiste a effectué fin 2023 une résidence de recherche durant laquelle elle a interrogé les liens entre la mégapole et son architecture de boyaux autant que de sommets, le peuple et les écosystèmes qui l’ont précédée, créant des rapprochements inédits et fissurant la vision uniquement « croissantiste » de la grosse pomme à partir de son point de vue d’étrangère de passage.
-- Maisons-Alfort, en banlieue parisienne, où elle vit et dont elle recueille les histoires plurielles et les graines comestibles.
-- Maputo au Mozambique où elle a grandi et qu’elle convoque dans une conversation qui mêle sa voix à celles de sa mère, de sa grand-mère, mais aussi de sa fille.
-- La Réunion, où elle s’est rendue très récemment et dont elle a ramené la langue créole, qu’elle mixe ici avec le patois gallo.

C’est précisément là, dans ces intersections - là où les eaux se mêlent -, que se situe la méthode d’Euridice Zaituna Kala. Il s’agit d’une méthode qui superpose dérives situationnistes, dialogues avec les ancêtres, lecture décoloniale, créolisation et philosophie Ubuntu. Via cette méthode l’artiste, elle-même traversé par de nombreuses histoires, trajectoires, ancrages et langues, provoque des mises en relation parfois inattendues et propose une manière de pluriversalisme par les particularismes, une forme de réalité prospective nourrie par des éclats de couleurs, des fragments d’images et la musicalité de langues proches mais qui nous échappent pourtant largement.

À travers l’exposition Daylighting, mais c’est l’eau qui parle Euridice Zaituna Kala porte la voix de nombreuses luttes - écologiques, féministes, autochtones - qu’elle fait converger et qu’elle relie à sa propre histoire et à l’histoire de Rennes. L’exposition est également un hommage vibratile, sensuel et lumineux aux puissances du vivant.

* En anglais, pour parler de l’excavation d’un fleuve qui avait auparavant été recouvert par des infrastructures urbaines, on utilise l’expression daylighting a river. À Rennes, il est prévu de rendre la Vilaine à la lumière du jour place de la République d’ici 2030. Actuellement, dans l’hyper centre, la Vilaine est recouverte par un parking.

Artiste et commissaire

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