Euridice Zaituna Kala

7 février
27 avril 2025

Expositions à La Criée

L’œuvre de l'artiste mozambicaine Euridice Zaituna Kala se concentre sur les métamorphoses, les manipulations et les adaptations culturelles et historiques. Dans la continuité de l’idée de Senghor de retrouver et bâtir « le royaume d'enfance », elle reproduit le vocabulaire visuel des archives historiques pour en révéler les absences et les subjectivités, mais aussi celles et ceux qu’elles ont invisibilisé·es. Prenant appui sur la recherche, sa pratique est protéiforme : performances, installations, photographies, textes, vidéos, sculptures/paysages, œuvres sonores, etc.

Présentation

L'exposition d'Euridice Zaituna Kala à La Criée centre d'art contemporain propose une réflexion sur la ville moderne, sur la façon dont les développements infrastructurels et architecturaux ont largement enfoui, chassés et souvent complétement détruits les écosystèmes naturels et humains la précédant. Elle interroge notamment les architectures de verre, les hétérotopies* et les visions du monde qu'elles reflètent. Elle s'intéresse également à des projets actuels et, à travers eux, à la place laissée aux minorités.

Dans la suite d'une résidence à New York et de son exposition personnelle à la galerie Anne Barrault, l'exposition à La Criée prendra pour point d'appui New York, l'ultra-ville, la ville rêvée par excellence. Elle se nourrira également d'une exploration de Rennes, de l'histoire de son peuplement, de son urbanisation et des liens (dé)tissés avec la nature, notamment avec son fleuve.

À partir de documents, de captations de conversations et de déambulations réalisées à New-York et à Rennes, Euridice Zaituna Kala composera un récit qui met en scène une exploration de l’archive dans l’espace urbain. Par le biais de sculptures de verre mélangeant images et reflets, elle façonne une représentation de cet espace s’inspirant de la cartographie historique et actuelle de New York de Rennes, et propose ainsi de nouvelles géographies, qui tiennent compte des évolutions de l’architecture par rapport à un écosystème sensible.

Employant des techniques du cinéma comme la nuit américaine**, elle développe par ailleurs une série d’images qui parlent d'une cartographie imaginée, de la révélation de l’eau et des iconographies du futur. Ces images questionnent les traces contemporaines de la présence des peuples autochtones, autant qu'elle rendre visible les minorités contemporaines.

* L'hétérotopie est un concept forgé par Michel Foucault dans une conférence de 1967 intitulée « Des espaces autres ». Il y définit les hétérotopies comme une localisation physique de l'utopie. Ce sont des espaces concrets qui hébergent l'imaginaire, comme une cabane d'enfant ou un théâtre. Ils sont utilisés aussi pour la mise à l'écart, comme le sont les maisons de retraite, les asiles ou les cimetières. De façon plus générale, ils peuvent être définis dans l'emploi d'espace destiné à accueillir un type d'activité précis : les stades de sport, les lieux de culte, les parcs d'attraction font partie de cette catégorie. Ce sont en somme des lieux à l'intérieur d'une société qui obéissent à des règles qui sont autres.

** On appelle « nuit américaine » le système de prises de vue qui permet de tourner une scène de nuit en pleine journée, grâce à l’utilisation de divers filtres.

 

Artiste et commissaire de l’exposition

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