Programmation vidéo

Anne-Charlotte Finel

18 avril 2024

18:30 20:00

Rendez-vous et événementsà La Criée

À l’occasion de « Respiro », Anne-Charlotte Finel a carte blanche pour nous faire découvrir une sélection de vidéos qui n’ont cesse de la nourrir dans la manière de concevoir son travail plastique et qui entre en écho avec les œuvres qu’elle propose dans son exposition à La Criée.

À propos

Jacques Perconte. Avant l’effondrement du mont Blanc, 2020 (2019-2020)
Film couleur, son stéréo, 16min

Dédié au massif éponyme du Mont Blanc, le film s’accompagne d’une question brûlante : sommes-nous les derniers à avoir la chance de voir le sommet du Mont Blanc ? Tout cela en réponse à l’augmentation des températures de la terre, qui entraîne la fonte des glaciers à un rythme accéléré.
Sommes-nous les derniers à pouvoir voir les sommets du mont Blanc ? La chaleur des étés, les hivers trop doux y sont pour beaucoup dans les écroulements rocheux, qui se multiplient depuis une vingtaine d’années. Les montagnes s’effondrent. Si c’est le signe d’un dérèglement climatique, c’est aussi celui de notre attachement au paysage que nous voudrions pouvoir classer comme un patrimoine.

Le massif du mont Blanc n’est pas à nous, la montagne est un état, c’est un moment, elle n’était pas, et elle changera quoi qu’il en soit. Le problème ici serait celui de la vitesse. Parce que l’équilibre de ces pics qui défient le vide, la longévité de ces glaciers n’est que notre point de vue. À l’échelle du mouvement de la planète, c’est une vibration.

Les montagnes tombent, nous n’y pouvons rien. Et même si nous avons les moyens de nous élever à leur hauteur pour les admirer, pour dépasser ces sommets inaccessibles où de nombreux explorateurs ont perdu la vie en voulant accéder au privilège de les vaincre, les montagnes continueront à tomber comme elles continuent de s’élever. Si le mont Blanc s’effondre, il s’élève aussi.

(Source - lien externe)

Jacques Perconte
Né en 1974. Vit et travaille entre Rotterdam et Paris.
Pionnier numérique des images en mouvement, Jacques Perconte exprime la relation sensible qu’il a avec le monde. De la Normandie aux sommets des Alpes, des fins fonds de l’Écosse aux polders néerlandais, il parcourt et filme passionnément les éléments. Pour lui, la technique est un environnement qui doit remettre en question notre séparation présumée avec la nature. Son travail navigue entre cinémas, galeries, espaces d’exposition et la scène avec de nombreuses collaborations. Prenant de différentes formes – film linéaire, film génératif, performance, impression, installation – ses œuvres sont le résultat d’une recherche expérimentale continue qui défie et repousse les capacités de l’image en mouvement.
« Comme rien de la machine ne lui est étranger, Jacques Perconte sait pousser celle-ci à ses limites, penser à partir de ses insuffisances, créer en fonction de ses erreurs. La machinerie informatique pour lui n’est pas fidèle au monde en ce qu’elle serait capable d’en enregistrer et traiter les apparences, mais parce qu’elle peut dégager des vibrations, en particulier chromatiques, non pas mimétiques, mais analogues aux vibrations du réel. Auteur d’une vingtaine de films, de plusieurs expositions monographiques, il déclare : « Je ne cherche pas, je m’aventure !  » (Nicole Brenez)

Daniel Steegmann Mangrané, Phasmides, 2008-2012
Film 16 mm en HD, couleur, 22min41

Quasiment invisibles, des phasmes sont filmés alors qu’ils évoluent successivement dans des constructions géométriques, humaines, et dans la nature. Daniel Steegmann Mangrané joue avec l’apparition et la disparition de ces êtres sensibles et maîtres du camouflage qui deviennent, par la perception, quasi végétaux.

Comme ses œuvres Espaço avenca et Growing Economies, la vidéo intitulée Phasmides rend compte de la réflexion écologique de l’artiste à travers la figure du phasme. Il aurait aperçu cet insecte ressemblant à une brindille ou une feuille lors d’une de ses visites au Museu do Açude, à Rio. La disparition rapide de l’animal l’a incité à repenser le statut de l’image, une réflexion qu’il décline ici avec la cellulose, composant organique de la pellicule du film.

Daniel Steegmann Mangrané
Né en 1977 à Barcelone. Vit et travaille à Barcelone.
Il a étudié à l’Ecole d’Art et de Design et à l’École de Photographie GrisART, toutes deux à Barcelone.
Fasciné par la forêt tropicale, notamment par la forêt amazonienne, également nourri par la biologie et l’anthropologie, l’artiste d’origine catalane Daniel Steegmann Mangrané mêle dans son travail polymorphe (dessin, sculpture, film, installations, etc.) formes naturelles et culturelles. Il y explore l’enchevêtrement du vivant à son environnement, expérimentant l’espace comme zone de sensibilité et de relation.
L’artiste s’intéresse particulièrement aux formes qui, tout en paraissant familières, ne peuvent être rattachées à aucune référence précise, que ce soit dans la nature ou dans la culture. En utilisant des systèmes qu’il s’impose, l’artiste crée des œuvres qui outrepassent les frontières entre l’esthétique et les matériaux organiques et artificiels, ainsi qu’entre les principes de composition fondés sur le hasard et les règles.
Il a présenté son travail dans de nombreuses expositions personnelles et collectives à l’international, notamment lors de la 14ème Biennale de Lyon, Mondes Flottants. L’artiste a également été nominé pour le prestigieux prix PIPA des artistes latino-américains en 2012, 2013 et 2014 et ses œuvres sont présentes dans un grand nombre de collections publiques et privées à travers le monde.

Virginie Yassef, dog dreams, 2021
Vidéo couleur et son, 18min44
images : Firat Övür, musique : Giancarlo Vulcano, montage : Pierrick Mouton
Courtesy Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Pourquoi n’accorderait-on pas au rêve ce qu’on refuse parfois à la réalité, soit cette valeur de certitude… ? […] C’est grâce aux rêves que nous pouvons nous affranchir de cet « autisme cosmologique », sortir de cet isolement ontologique et entrer, enfin, en communication avec les autres espèces, vivantes et mortes, reconnaître, enfin, leur puissance d’agir et de penser. Car, ce qu’il faut comprendre, c’est que le rêve, comme la pensée, n’est pas un privilège humain. Les chiens rêvent aussi et dans leurs songes ils sondent les tremblements de la terre.

Les images de Virginie Yassef présentent des chiens à Istanbul qui dorment profondément sur le sol d’une faille sismique. Leur sommeil est de plomb et notre regard se fait absorber par les différentes textures de poils. Un fragment pour un ensemble : on se laisse prendre en pleine synecdoque. L’infiniment petit devient l’infiniment grand et l’espace de la vidéo contamine l’espace qui l’entoure.

(Source : Tristan Bera, extrait du communiqué de presse de l’exposition Dogs dream à la galerie GPN Vallois, 2022)

Virginie Yassef
Née en 1971 à Grasse. Vit et travaille à Paris.
Diplômée de l’École des beaux-arts de Paris, Virginie Yassef est une artiste photographe. À la croisée des chemins entre documentaire et univers fantastique, ses clichés dévoilent subtilement la beauté du monde qui nous entoure. Elle s’inspire de son environnement immédiat pour dévoiler des « moments », des fragments d’une histoire en train de se dérouler au travers de son objectif. Le travail de Virginie Yassef a souvent pour point de départ des objets du quotidien qu’elle vient détourner de façon ludique, en renversant l’image conventionnelle et préconçue que le spectateur a de ces objets. Le désir de transformer la réalité est en effet la base de la plupart de ses travaux. Dans ses vidéos, les gestes simples ont une apparence burlesque et les scènes de rue banales deviennent poétiques et singulières. Comme elle l’affirme elle-même, « c’est important de ralentir la vie. Ou de l’accélérer. En tout cas, de lui donner une autre qualité ».
Ses œuvres ont été acquises par des collections privées et publiques du FRAC Île-de-France, du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, du FRAC Languedoc-Roussillon, du FRAC Normandie Caen, du FRAC Grand Large – Hauts-de-France et du MAC VAL, musée d’art contemporain du Val-de-Marne.
Elle a dernièrement présenté des projets monographiques au centre d’art plastique de Lyon (2023), au 109 à Nice (2022), ainsi qu’à La ferme du Buisson à Noisiel.

Informations pratiques

-- Entrée libre dans la limite des places disponibles

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