Jeremy Deller s’intéresse aux cultures populaires et aux contre-cultures. Les questions sociales, l’histoire, mais aussi la musique, sont au centre des investigations de l’artiste. Teintées d’un discours socio-politique assumé, ses œuvres font un lien entre la culture – vernaculaire ou de masse – et le monde du travail. Ses recherches l’ont mené à explorer l’histoire sociale de son pays et du monde à travers les conflits sociaux de l’ère thatchérienne, le groupe Depeche Mode, le monde du catch, les ferments du Brexit, ou encore l’Acid house et le mouvement rave, avec le souci constant d’impliquer d’autres personnes dans le processus créatif.
L’exposition Art is Magic dresse un large panorama de l’œuvre de l’artiste des années 1990 à aujourd’hui à partir d’une quinzaine de projets et œuvres majeurs qui ont ponctué son parcours. Elle sera, par ailleurs, l’occasion de publier le premier ouvrage rétrospectif du travail de l’artiste en langue française.
Une rétrospective en trois lieux :
Le Musée des beaux-arts livre un panorama de sa création depuis les années 2000, avec des dispositifs qui combinent performance, vidéo et installation. Les œuvres Valerie’s snack bar et Speak to the earth and it will tell you explorent ce qui cimente la solidarité et la complicité entre habitants – le fameux « lien social ». The Battle of Orgreave et Putin’s happy s’offrent comme des instruments d’investigation pour questionner les luttes politiques et leur traitement médiatique, qu’il s’agisse de conflits sociaux de l’époque thatchérienne ou des débats plus récents sur le Brexit.
On retrouve cette inscription dans l’histoire politique, sociale, de l’art, etc. – à La Criée centre d’art contemporain, avec Warning Graphic Content, ensemble qui réunit les œuvres imprimées et les affiches de Jeremy Deller de 1993 à 2021, soit plus d’une centaine de pièces. En écho, dans le diaporama Beyond the White Wall, Jeremy Deller raconte, en voix off, les projets qu’il a réalisés dans l’espace public et qui floutent les frontières entre l’espace de l’art et l’espace social.
Le parcours au Frac Bretagne présente Jeremy Deller comme le grand observateur de la culture vernaculaire au Royaume-Uni. Réunissant dessin, peinture, cinéma, performances, costumes, décoration, opinions politiques et humour, ainsi qu’objets étonnants, Folk Archive (2005 avec Alan Kane) célèbre l’activité d’un large éventail de loisirs et d’activités britanniques, et démontre que l’art populaire en Grande Bretagne est à la fois répandu et vigoureux. En pendant de cette installation, trois œuvres filmiques traitent également de l’appropriation culturelle populaire : English Magic (2013), Everybody in the Place: an Incomplete History of Britain 1984-1992 (2018) et Our Hobby is Depeche Mode (2006 avec Nick Abraham).