Dans le roman autobiographique Université de Rebibbia, Goliarda Sapenzia fait le récit de son séjour dans une prison italienne en 1980. Aux contacts des prisonnières politiques et de droit commun, l’expérience de l’enfermement mute en un violent et magnifique moment de liberté.
Posant un regard aiguisé sur les éléments spatiaux qui fabriquent l’univers carcéral, l’autrice décrit les gestes d’appropriation simples qui permettent aux prisonnières de transformer les espaces et les relations qui s’y jouent : « cet individu qui, avec quelques bouts de tissus colorés aux murs, une natte et un peu de peinture sur le plafonnier est parvenu à transformer quatre murs en un milieu vivifiant d’échanges intellectuels et de méditations, ne peut qu’être à la recherche d’une voie différente pour exister avec soi-même et les autres ». Le domestique devient politique, car entre les nattes pauvres et les quelques fleurs posées dans un verre à moutarde, apparaît la plus radicale des universités populaires.
Le Club de lecture s’inscrit modestement dans cette logique de réappropriation des espaces de savoirs par les femmes, dans un format souvent considéré par l’opinion commune comme poussiéreux et bourgeois. À travers le plaisir simple de la lecture collective, c’est l’image même de la femme qui lit qui est en jeu.
La bibliothèque Les Donneuses de courage est accessible durant toute la durée de l’exposition.