À partir de ce moment et jusqu’au début des années 2000, il développe une œuvre introspective puisant à la fois dans la tradition artistique chinoise et les mutations culturelles contemporaines. Vient ensuite une période de création au cours de laquelle Yang Jiechang s’attache à questionner aussi bien les événements sociaux et politiques des sociétés actuelles que ceux de sa propre vie d’artiste œuvrant entre Europe et Asie.
L’exposition Stranger than Paradise s’inscrit dans cette perspective exploratrice et interrogative de notre monde globalisé. Les trois œuvres présentées, spécifiquement produites à cette occasion, questionnent les notions de contrôle et d’instabilité qui régissent nos systèmes collectifs de vie. Par ailleurs, chaque pièce convoque l’esthétique et la culture traditionnelle chinoise via l’utilisation d’une technique (céramique, peinture sur soie) ou d’un élément singulier (gong en bronze).
L’installation Stranger than paradise, Mountain Top (2011) présentée dans l’espace d’exposition principal est constituée de 200 sculptures en céramique placées sur des socles de hauteurs différentes et qui représentent des animaux dans une posture d’accouplement. Chaque duo associe des espèces différentes (par exemple un éléphant et un tigre, une cigogne et un puma, un loup et un singe) bravant ainsi les singularités et incongruités physiques. Articulée à ce paysage sculptural, une vidéo intitulée Gong… (2011) montre l’artiste filmé en train de heurter un gong en bronze avec sa tête. Chaque impact provoque un son se dispersant dans l’espace d’exposition. Chaque impact provoque également le tremblement de l’image. Le visiteur, poursuivi par ces vibrations visuelles et sonores, devient la cible des coups. Enfin, dans une des salles du centre d’art, les scènes animalières précédemment évoquées – métaphores des différences, mutations, confusions, identités symptomatiques du monde d’aujourd’hui – investissent cette fois-ci la surface de panneaux de peinture à l’encre sur soie qui composent l’œuvre Stranger than Paradise 1 (2011).
Le jeudi 12 mai 2011, avec la complicité de Yang Jiechang, La Criée organise un événement intitulé « Gong… ». Cette soirée est construite autour de la performance Waving Basket : Eurasia Versus Paradise conçue par l’artiste. Il s’agit, pour deux équipes de jeunes – Eurasia et Paradise – de s’affronter lors de mini match de basket au cours desquels la stabilité et la dextérité des joueurs sont mises à rude épreuve…
« L’œuvre de Yang Jiechang n’a rien d’une naïve contemplation aux manifestations du vivant car l’artiste n’hésite jamais à frotter matériellement et formellement ses œuvres aux signes du politique, aux tabous du corps, de l’érotisme et de la mort. Sans aucune velléité didactique, militante ou voyeuriste, les œuvres de Yang Jiechang pointent les aberrations comme les potentiels créatifs de nos systèmes collectifs de vie. »
Larys Frogier, extraits du catalogue publié par la Galerie Jaeger Bucher à l’occasion de l’exposition personnelle, intitulée « On Ascension » de l’artiste Yang Yiechang (du 7 février au 21 mars 2009).
co-production avec la galerie Jaeger Bucher, Paris