Depuis que ce projet de musée a été lancé, ceux qui s’y intéressent ne manquent pas de revenir de telle ou telle exposition avec un catalogue mental des œuvres que le Musée de la danse pourrait accueillir, contenir, exposer. Mais en même temps que s’accumulent des désirs, s’accumule aussi l’impossibilité de voir ces désirs s’accomplir… et peut-être s’affirme l’absurdité des désirs de complétude qui les accompagnent. À quoi bon faire le catalogue des meilleures œuvres qui conviendraient à notre musée, si l’invention de sa collection et de sa muséologie ne donne pas lieu à des expérimentations qui modifient le cours de ce que ce musée doit urgemment devenir ?
Alors nous avons pensé à une exposition appelée brouillon. Au départ, il s’est agi simplement de rassembler une petite équipe de commissaires qui choisiraient un corpus d’œuvres plastiques. Dont l’exposition serait assurée par une poignée de performeurs chargés de l’accrochage-décrochage permanent des œuvres, au gré de leurs idées. Chargés d’organiser la confrontation de ces œuvres les unes avec les autres. Du soin de leur faire prendre l’air ou de leur donner du mouvement. De les curer. Oindre. Toucher. Déplier. Lire. Observer. Tester. De se tester physiquement et mentalement face à ces œuvres. Qui toutes auraient maille à partir avec le projet d’un musée dansant, qu’elles résistent au mouvement ou bien qu’elles l’appellent.
Un corpus d’œuvres mises en branle pour un chantier de musée. brouillon essaie de transformer une insatisfaction, une impossibilité, une gêne face à des objets-d’art-qui-n’ont-pas-attendu-ce-projet-pour-exister, en un territoire d’expérience de ce qu’une exposition en mouvement peut donner. Des objets-qui-n’ont-rien-demandé se retrouvent dans un musée de la danse, pour le meilleur et pour le pire.
Nous avons aussi imaginé une expansion inattendue à ce projet en invitant une deuxième fois à Rennes le Pavillon, laboratoire de création du Palais de Tokyo. Sous la forme d’un service commandé, les neuf résidents (7 artistes et 2 commissaires d’exposition) vont tenter de réaliser « les désirs » d’un musée, tout en questionnant quels seraient leurs propres désirs si la commande n’existait pas, ou plutôt quels genres de désirs alternatifs se mettent au jour pendant la réalisation d’une œuvre de commande. Après le volet du 10 avril où sont présentés les premiers résultats des travaux, les artistes auront la possibilité d’exposer leurs propres projets aux côtés (ou dessus ou dessous) des commandes auxquelles ils auront répondues.
Et pendant le temps de ce week-end il sera aussi possible de visiter le Petit Musée de la danse que Thierry Micouin a inventé avec les enfants de l’école Picardie.
L’ensemble un brin chaotique de toutes ces réalisations, ainsi que la salle du brouillon proprement dite, formera la matière de cette exposition qui se voudrait, pour le moins, une expérience de tous, objets, œuvres, performeurs, artistes, visiteurs.
…. Un brouillon de musée en mouvement.
performances :
-- Boris Charmatz
-- Eduard Gabia
-- Cédric Gourmelon
-- Barbara Matijević
-- Jan Ritsema
-- Marlène Saldana
musique :
-- Philipp Quehenberger
partenaires :
-- Musée de la danse, Rennes
-- La Criée centre d’art contemporain, Rennes
-- Le Pavillon, laboratoire de création du Palais de Tokyo Paris
remerciements :
-- Francis Alÿs, Tristan Béra, Corinne Diserens, Leanne Dmyterko, Rainer Ganahl, Dmitry Gutov, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Ange Leccia, Christian Merlhiot, Gustav Metzger, Georg Schöllhammer, SUPERAMAS, Collection Suzanne Tarasiève Paris, David Zwirner Gallery New York, de Appel Curatorial Programme and Ann Demeester (Amsterdam), Galerie Christine König Vienne, Generali Foundation Vienne, gb agency Paris, Foksal Gallery Varsovie, Fondazione Morra Greco Naples, Sammlung Verbund Vienne