Les énoncés lapidaires, les gestes simples d’écrasement ou de déversement, le dévoilement de corps nus, l’usage de figures de la mort et de la vie composent des images, mais des images qui ne racontent rien d’autre que l’importance vitale de l’action et de la résistance.
Le citron, le lait, la terre, le vin sont utilisées pour leur qualité matérielle brute, mais aussi pour leur résonance symbolique à la loi ou à l’ordre.
Exclusion, sexualité, exil, amour, infini : Adel Abdessemed questionne ces zones sensibles, non pas pour produire un art politique, mais afin d’élaborer des poétiques de la transgression et de la jouissance.
Les œuvres d’Adel Abdessemed sont donc davantage à voir comme des étendues d’énergie par où s’affirment le désir et le plaisir, mais aussi au sein desquelles se déploient le concept, la pensée et la parole.
« Que dois-je répondre à un ami qui dit que l’art doit dire la vérité ? C’est bien sûr ce que j’espère. Malheureusement, j’ai commencé à mentir à mon père, à ma mère, à ma religion. Franchement, l’art peut marcher… même si c’est faux, tout devient vrai. (…) J’ai le souci de la belle image brute. C’est cru dans le montage, cru dans l’image. Je capte l’énergie des corps, une présence. (…) J’adore les oppositions dans tous les domaines. Je déteste ce qui est formaté, homogène. Un monde hygiénique et sans conflits est impossible. Je travaille beaucoup avec les autres, mais je ne fais pas de l’art social. La question d’un art social me paraît très fragile aujourd’hui, dans un monde spectaculaire et redoutable.
Adel Abdessemed, extraits d’un entretien avec Anne Bonin, Artpress Spécial, octobre 2004, n°25.
commissariat au Plateau -- Frac Ile-de-France
co-production avec Le Plateau -- Frac Île-de-France et galerie Kamel Mennour, Paris