L’exposition rassemble des oeuvres relatives à la peinture, la photographie, la vidéo et l’installation qui offrent un aperçu de la création vivante au regard des liens qui se nouent entre l’Algérie et la France. Les oeuvres choisies abordent cette question de l’identité et de l’ouverture culturelle algérienne selon différentes stratégies visuelles :
le portrait et l’étude de correspondances culturelles entre l’Algérie et la France tels que les diaporamas de Kader Attia donnant à voir les liens de vie entre des algériens résidant à Garges-les-Gonesses, cité située en banlieue de Paris, et ceux vivant à El Eulma, village près d’Alger.
le journal visuel comme les triptyques photographiques de Khaled Belaïd juxtaposant des scènes de vie quotidienne à Alger mêlées d’événements festifs ou d’autres plus douloureux liés aux conditions de vie difficiles.
la peinture comme dans les tableaux saisissants de Farid Redouani qui représentent des portraits monochromes de visages et de corps enserrés dans d’étroits formats verticaux ou horizontaux à la manière de cellules de prison ou de cercueils.
le langage poétique et plastique à la manière du travail d’écriture de Samira Sahnoun sur des tissus tendus dans l’espace qui, de loin, peuvent faire penser à des formes géométriques propres à la culture visuelle algérienne, mais qui, de près, constituent des textes poétiques inspirés de l’oeuvre du célèbre écrivain révolutionnaire Kateb Yacine.
l’analyse critique mêlant le personnel au politique comme dans les installations et vidéos de Zineb Sedira questionnant les thématiques du genre, de la famille, de la mémoire.
Il est fondamental de souligner que si ces artistes traitent d’un fonds culturel algérien, le choix des oeuvres a été déterminé par deux orientations principales :
d’une part, ces artistes visualisent leurs propres expériences et questionnements de la société et de la culture algérienne contemporaine. Il ne s’agit pas ici de montrer des oeuvres répondant à une construction nostalgique occidentale de l’Orient, pas plus qu’il ne s’agit d’exposer des artistes algériens tentant d’adhérer aux codes esthétiques de l’histoire occidentale de l’art. Le propos est d’abord de montrer comment de jeunes créateurs algériens expriment visuellement une vie et une culture algérienne en transformation, avec tous les questionnements, doutes et ouvertures que cela suppose. Ou encore d’apprécier les allers-retours entre les arts visuels occidentaux et orientaux.
d’autre part, la pertinence des oeuvres de ces artistes ne réside pas dans la simple illustration de l’identité algérienne. Les oeuvres, par leurs formes et leurs contenus, excèdent la question de l’identité pour opérer par elles-mêmes en fonction de la qualité d’usage de tel ou tel médium artistique. En bref, ces oeuvres méritent et sont tout à fait susceptibles d’être exposées en dehors de ce fil directeur thématique qu’est l’Algérie contemporaine.