Sébastien Reuzé

Sébastien Reuzé

3 avril
16 mai 2003

Expositions à la Criée

Sébastien Reuzé, Vitrail, vue de l'exposition, La Criée centre d'art contemporain, Rennes, 2003 © Sébastien Reuzé

La pratique photographique de Sébastien Reuzé naît d’observations subtiles, d’attitudes contemplatives et d’itinéraires hasardeux. L’artiste réalise des photographies sur des supports variables représentant des vues de cieux, de terres, d’habitats collectifs, de bâtiments administratifs, intérieurs domestiques, autoroutes, pistes d’aéroports… Les dispositifs photographiques modifient l’approche du spectateur, notre perception et nos relations aux espaces, à l’environnement quotidien.

Présentation

Pour l’exposition à La Criée, Sébastien Reuzé présente des oeuvres de petites et de grandes dimensions en relation avec l’espace d’exposition :
Une vaste impression photographique sur bandes adhésives, représentant une Constellation terrestre (superposition de vues aériennes de villes prises la nuit), est placée sur les portes vitrées du centre d’art.
Des bâches tendues sur châssis (200X300m), concentrent des univers aériens (sillons, traces d’avions…).
L’artiste produit aussi des objets photographiques aux coins arrondis (11,7X7,5cm). Ils sont espacés du mur par des tiges de métal. Comparables à des écrins, les photographies sont prises entre une plaque de plexiglas et une plaque de verre cristal.

Positionnés à des hauteurs et à des distances variables, les objets photographiques ou encore les bâches, incitent les visiteurs à se détacher d’un parcours habituel et linéaire dans l’espace d’exposition.

L’artiste propose également de diffuser dans les cafés et les restaurants de la ville de Rennes des images imprimées sur des sets de table en papier (30X45cm). Ces sets de tables représentent des vues en plongée de tables de cafés. Tasses de cafés, journaux, portrait, réverbération de ciel et de lumière, ces vues jouent sur l’espace environnant et contiennent un ensemble de détails. Suspension temporelle, mise en abyme du lieu, l’image, unique, englobe et délite différentes strates visuelles.

A mi chemin entre la sculpture et l’objet précieux, le traitement des photographies provoque une mise en objet de l’image. Inversement avec les sets de tables, d’objet, la photographie redevient image. L’artiste travaille dans un rapport volontairement libéré d’une maîtrise technique et de la mise en scène. Pas de temps de pose, les clichés sont des plans séquences dont l’esthétique est sensiblement proche de celle de l’univers cinématographique et de la vidéo. Sébastien Reuzé accorde néanmoins une importance au contenu, au choix du sujet, à la couleur et au cadrage. Les prises de vues, sur le vif, accordent architectures, percées aériennes, terres et lumières dans un mouvement ascendant, provoquant une sensation d’apesanteur, fluide, légère. Il s’en dégage une vision positive et poétique de l’environnement urbain.

Les Constellations terrestres (des vues aériennes de villes, la nuit) superposent une succession d’images fixes sous caissons lumineux à des images en mouvement montrées sur écrans LCD. Elles sont accompagnées d’un bricolage de sons hétéroclites. Hors temps, hors lieux, pas de reconnaissance possible, les Constellations terrestres semblables à des cartes, offrent un réseau de lignes bleutées diffuses, brouillant les frontières et les repères.

Les photographies sont le point de départ vers des destinations inconnues, suffisamment suggestives sans pour autant tout dévoiler de leur élaboration ou des références personnelles de l’artiste. Construites comme des images mystérieuses, elles gardent le secret de leur fabrication. Produit du hasard, rencontres fortuites, manipulations frigidaires, captations, elles sont soumises à des accidents, traces, usures. L’artiste considère l’image comme un objet qui participe à la réalité et qui en subit les aléas. Il l’abîme, la rend vulnérable, fragile. L’artiste exploite des sensations contrastées, des petits riens, plaisirs et joies minuscules qui ponctuent nos existences ordinaires, une invitation à flâner, errer, s’aérer. Petits bonheurs… Avec Sébastien Reuzé, on franchit un seuil pour entrer dans un processus de rêveries, un cosmos de l’entre-ouvert où se rejoignent imaginaire, fiction et réel.

Fanny Poussier

Photos de l’exposition

Œuvres produites

Artiste et commissaire de l’exposition