Pour La Criée, le travail engagé par Jean-Baptiste Bruant et Maria Spangaro concilie une exposition et des actions : Luci Loci Lanu, « comédie musicale », en collaboration avec Maria Spangaro, avec une intervention du danseur Alain Buffard et l’artiste Marie-Eve Mestre.
Luci Loci Lanu trouve une visibilité en deux étapes, suite à une résidence de l’artiste au Japon et à une présentation publique au Festival Montpellier Danse 2002. Luci Loci Lanu est reformulée à La Criée dans le cadre d’une co-production d’oeuvre (La Criée/Love stream) où l’artiste présente un développement musical et physique dans l’espace (apparition/disparition en « live » et simultané d’images et de sons).
Cet aménagement évolutif dans le lieu d’exposition est articulé sous la forme de rendez-vous intitulés Mouvements 1, 2, 3, et proposés au public pendant un mois.
Jean-Baptiste Bruant et Maria Spangaro présentent également des installations vidéographiques et sonores, dont deux plus anciennes, acquises récemment par le Fnac, Un rêve – en marchant avec précaution, 2000 et Say Na Na Say, 1991. Dans Un rêve – en marchant avec précaution, l’artiste enfermé seul la nuit dans le magasin de La Samaritaine déambule au radar, en rasant, aplati, au sol les mobiliers, objets, accessoires et autres denrées alimentaires peuplant nos univers de consommation.
Say Na Na Say, 1991, est une installation sonore, au sol, contenant des fleurs de pavots, auxquelles bandes sonores et baladeurs chuchotent et murmurent doucement…
A mi-chemin entre la sculpture vivante et la performance, les gestes des artistes sont synonymes d’une mise en mots et en-corps d’un langage, une mémoire réactivée de nos sens originels, organiques, dont la présence diffuse se situe au cœur des émotions, au seuil du psychisme. Entre poésie, humour, tension, les espaces visuels, textuels et auditifs matérialisés par l’artiste sont l’expression d’allers-retours constants où les sensations, désirs, envies, en éveils, ne peuvent être écartés. Onomatopée, syllabe, l’ouïe, le toucher, l’odorat, trouvent consistance dans l’action et la réflexion, presque détachées, en parallèles. Elles sont rendues tangibles par effets de répétitions, rebonds, culbutes, refrains, intervalles, manipulations, engourdissements… l’artiste compose par déroulement inversé des espaces-temps distendus et pluriels, suffisamment élastiques et perméables.
Fanny Poussier
co-production avec Love Stream, Paris