Échos-Graphies est une exposition qui travaille par résonances et passages d’une pratique à une autre, d’un artiste à un autre :
-- la photographie de Thierry Fontaine relève fondamentalement d’une pratique de sculpture
-- les dessins et les sculptures de Morgane Lépinay ou d’Emmanuelle Vequeau sont indissociables d’un travail d’écriture
-- les photographies et les dessins de Jacques Domeau entrent en correspondance avec la chorégraphie ou l’acte du déplacement
-- les albums photographiques de Christophe Pichon questionnent l’histoire du cinéma
-- l’œuvre vidéo d’Anne Durez poursuit une recherche déjà engagée en photographie
-- les séries photographiques d’Hervé Thoby échappent à la photographie plasticienne.
D’autre part, dans cette exposition, on se rendra surtout disponible à la manière dont les artistes visualisent un espace du soi sans l’exhibitionnisme du journal intime, sans le spectaculaire du corps, mais avec l’exigence du souci du « vivre avec » ou avec l’efficacité du clin d’œil humoristique adressé à soi-même et à ses voisins : « Quand écrire, c’est se livrer à l’interminable, l’écrivain qui accepte d’en soutenir l’essence, perd le pouvoir de dire « Je ». Il perd alors le pouvoir de faire dire « Je » à d’autres que lui […] Écrire, c’est se faire l’écho de ce qui ne peut cesser de parler, – et, à cause de cela, pour en devenir l’écho, je dois d’une certaine manière lui imposer silence. » Maurice Blanchot, L’Espace littéraire.
Ce n’est pas le corps figuré qui importe dans cette exposition. C’est son étrange prégnance, parfois son aura, qui peut aussi tendre jusqu’à son évanouissement.
Après tout, pourquoi vouloir toujours chercher un sens à une forme ? Ce qui importe, c’est l’entreprise du vivant à constituer des éléments de transformation de soi. L’image, la forme donc, s’élabore par associations libres, par sauts qualitatifs d’une sensation à une autre, d’un mot à un autre, d’une manière à une autre. A chacun de voir…
Échos-Graphies pour mettre le regard à l’épreuve d’effets de fascination, d’effets de flottements et de vacillements de l’attention, d’effets de décrochements de l’emprise du quotidien.
Échos-Graphies pour se rendre attentif aux effets de résonances d’œuvres au sein d’une exposition collective. Comment voisiner ? Comment prendre soin de son travail en se rendant disponible à la découverte de l’autre œuvre ? Inutile de chercher dans cette exposition des juxtapositions ou des collaborations forcées.