Déplacer ne vise pas à une simple collaboration entre plasticiens et danseurs. Elle manifeste une volonté esthétique et politique de repenser les modaliés de production et de diffusion de la danse contemporaine.
Déplacer invite les publics à se défaire des habitudes d’une visite d’exposition d’arts plastiques ou d’un spectacle de danse. L’événement offre différentes strates d’espaces-temps qui privilégient autant le fait de participer à des formes d’atelier-performance ou à des œuvres processuelles que d’assister à des pièces chorégraphiques, autant la vision d’installations visuelles et sonores que la consultation de documents écrits et filmés qui ont nourrit la pratique des artistes.
Déplacer autorise l’expression de pièces chorégraphiques inadaptées aux contraintes des lieux de représentation de la danse.
Déplacer engage des échanges inhabituels avec les publics.
Déplacer, « non pas forcément changer de place mais pouvoir changer dans sa place, de position, de regard, d’attitude, d’habitude » (Loïc Touzé).
Durant les quatre semaines et les heures habituelles d’ouverture de La Criée, le public se trouvera confronté à :
-- une installation sonore proposée par Catherine Contour à partir d’un cd-audio contenant des paroles de différents chorégraphes. Des voix données à entendre, à éprouver dans un espace intime, comme l’ont été ces entretiens réalisés durant le projet Tollé (avril 1999, Rennes) dans un tête-à-tête avec l’artiste.
-- un dispositif lumière-son-vidéo réalisé par Loïc Touzé et intitulé Observer II : « Ce dispositif est pensé comme un espace de dépense offert à des personnes rencontrées à La Criée pendant les heures habituelles d’ouverture. » Selon différents paramètres (choix d’une tenue vestimentaire et d’une musique, durée…), les personnes sont invitées à participer au projet et à dépasser son statut de visiteur.
-- un espace de consultation vidéo : le choix des vidéos a été élaboré par les artistes. Il s’agit moins d’un programme de vidéo-danse intervenant comme un à-côté des spectacles, que d’un corpus visuel propre à chaque artiste invité et identifiable en tant que tel dans l’espace. Ces vidéos pourront concerner autant des pièces dansées que des œuvres plastiques ou cinématographiques qui ont nourrit la recherche et la pratique chorégraphique des artistes invités. D’autre part, le chercheur Christophe Wavelet a réalisé des entretiens filmés avec chacun des chorégraphes. De même, après avoir sélectionné des textes critiques sur la danse contemporaine et la performance, Christophe Wavelet a filmé les danseurs en train de lire ces écrits. Une telle démarche vise à échapper aux formes convenues de la conférence de spécialistes.
-- un espace de lecture : Dans le même espace de projection vidéo, les visiteurs auront l’occasion de jongler en permanence entre cette consultation visuelle et un certain nombre de documents écrits (textes spécialisés ou non en danse, écrits d’artistes).
Préparation des espaces pour les pièces chorégraphiques : La présentation des pièces chorégraphiques intervenant le plus souvent en nocturne, la question de la préparation des espaces peut se poser en journée. Il nous a semblé intéressant, selon l’exigence des projets, de ne pas occulter la préparation des espaces, contrairement aux espaces scéniques ou d’exposition qui ne sont dévoilés aux yeux du public qu’à l’ouverture du rideau. Ici, durant les heures habituelles d’ouverture, les visiteurs risquent de ne rien avoir à voir si ce n’est l’installation de l’espace par les techniciens, ou la mise en travail de la danse (répétition, expérimentation).
Du mardi 28 au vendredi 31 mars, heures habituelles d’ouverture de La Criée :
Présentation de travail, Alain Michard : se référant aux artistes Robert Filliou, Marina Abramovic et Jean Tinguely, Alain Michard déploiera une « préméditation d’une longue improvisation » basée sur la manipulation d’objets, d’images, de sons, sur le travail du corps, sur la rencontre avec des individus. L’œuvre processuelle liée aux arts visuels et à l’art de la performance prend ici tout son sens.