Rencontre avec l'artiste Margaux Janisset

Sous le regard intrigué des élèves, Margaux projette un diaporama des différentes œuvres qu'elle a réalisées. Sa pratique artistique s'inspire de l'imprévisibilité des phénomènes naturels et de la poésie du temps. Elle explique aux enfants qu'elle trouve sa créativité dans les choses qui l'entourent comme “la lumière du matin” saisie sur son chemin. Elle joue avec l'éphémère ; sur une plage à proximité de Brest, où elle habite, elle essaime des pigments naturels sur les galets que l'écume de la mer compose selon ses allers et venues. Cela dessine de doux sillages pastels, avec la mer comme complice. L'artiste précise qu'elle a choisi ces pigments “pour ne pas polluer la mer, les poissons et toute la vie qui s'y trouve”. Elle a ensuite transmis sa “recette” pour que d'autres personnes puissent recommencer cette poésie de la nature à l'infini. Avec une petite passoire, du pigment violet et une feuille blanche, Margaux montre aux élèves comment elle procède. Il est aussi possible d'y dessiner une forme en utilisant un objet comme pochoir. Une ombre de stylo scolaire se dessine alors par les contours de la poudre mauve.

Margaux est également intéressée par la nature terrestre. Elle utilise le même procédé pour essaimer une rivière colorée sur un sentier pédestre. Elle s'accompagne souvent de pépiniéristes et d'horticulteur·euse pour créer des œuvres collectives. Ces environnements artistiques gigantesques lui inspirent la réalisation de toiles de grands formats. “Avant de faire mes grandes peintures, je fais des carnets”, explique-t-elle. Elle présente également aux élèves un livre peint, qui évoque les différentes lumières dans des paysages abstraits. “Pour lire mes pages, il faut s'imaginer l'heure qu'il est dessus”. En voyant une page décorée de poudres orangées, un enfant s'exclame : “Entre 17 et 18h !”.

L'artiste aime également travailler sur des tissus et plus spécifiquement la moustiquaire, textile voilé et piqueté, s'imprégnant aisément de la poudre colorée très appréciée de l'artiste. Le léger voile constellé de tâches colorées passe de main en main.

Margaux cherche en dessinant. Elle montre ses dessins remplis d'animaux, de végétaux et de formes entrelacées à la classe émerveillée : “On dirait Picasso !”. Elle apprend à dessiner sur des livres sur la nature, trouvés dans des marchés de seconde main. L'artiste imite les dessins des feuilles d'arbres collés dans les herbiers : “À la Criée, il y avait aussi un herbier dans l'exposition de Pierre-Jean Giloux !” remarque une élève.

Soucieuse de son environnement, l'artiste offre ses sculptures aux humain·es mais aussi aux animaux à l'image de cette sculpture monumentale réalisée dans un parc, composée de graines de tournesols, de noix de chênes et de coquillages, comestibles par les oiseaux. Les élèves observent attentivement une vidéo où une mésange picore la grande sculpture violette.

Après la présentation de sa démarche artistique, Margaux évoque ce que les élèves pourront découvrir lors des prochains ateliers : “Ensemble, on va observer les métamorphoses des saisons, on va faire de la risographie, des sculptures en fils de fer et des peintures avec des pigments naturels”. Avant de partir, elle a réservé une dernière question qui laisse les enfants songeur·euses : “Qu'est-ce qui vous inspire dehors ?”. “Les nuages !”, “Les arcs-en-ciel !”, “La neige !”, “Les fleurs !”, “Les oiseaux !”, “les feuilles mortes !”, “les arbres multicolores !”.