La Criée nous propose l’exposition de Charbel-Joseph H. Boutros intitulée The sun is my only Ally qui rassemble un ensemble d’œuvres abstraites et poétiques qui créent un espace dans lequel des éléments habituellement insaisissables tels que le rêve ou le temps, deviennent ici tangibles. Le soleil semble alors venir ici comme un guide qui vient influencer la plupart des œuvres de l’artiste par ses propriétés matérielles et mystiques, lui imposant même parfois des contraintes. Il est donc intéressant de se demander en quoi le soleil, par son absence ou par sa présence, influence les œuvres de l’artiste ?
En effet, depuis la nuit des temps, le soleil fascine les gens par le pouvoir cosmique, intemporel et naturel qu’il dégage et qui est à l’origine de nombreux mythes et croyances. Selon la civilisation, il incarnera des rôles différents mais il reste le seul astre avec la Lune, à avoir été doté de traits humains dans les représentations religieuses ou savantes. Le soleil inspira de nombreux artistes classiques et néo-impressionnistes pour ses effets de lumière et plus tard, les artistes contemporains se réapproprieront ses qualités symboliques et poétiques. Ainsi, Charbel-Joseph H. Boutros utilise toutes les facettes du soleil au sein de ses œuvres. Effectivement, il utilise des propriétés telles que la chaleur, la lumière et la temporalité qui viennent parfois modifier un matériau, dicter ses œuvres ponctuellement ou au contraire faire partie intégrante d’une performance.
Boutros n’est pas le seul artiste contemporain à utiliser et mélanger les propriétés physiques et symboliques de cet astre. En effet, le plasticien Olafur Eliasson porte un grand intérêt à la lumière et joue avec ses effets, ses couleurs, en utilisant des formes géométriques et des déformations pour donner une dimension narrative. Il crée une interaction physique entre les spectateurs et l’installation. Il est connu pour proposer des installations mettant en lumière des phénomènes naturels. Nous pouvons citer par exemple son œuvre intitulée “The Weather Project” qu’il créa en 2003. Il a fait la reconstruction d’un élément de la nature, ici un coucher ou lever de soleil, évoquant chez les spectateurs des émotions diverses. La réaction du public face à cette installation est surprenante, certains contemplent ces phénomènes comme dans la nature, d’autres encore se couchent par terre et jouent avec les formes, et d’autres admirent leurs reflets la tête en bas et accèdent à une autre dimension.