Lorsque l’on lit un roman, on se fait chacun notre propre histoire, nos propres images mentales, on s’approprie le récit que nous fait l’écrivain. The sun is my only ally est le roman de Charbel Joseph Boutros, il y présente des bribes de son existence, à travers sa sensibilité singulière et l’importance de la matérialité. Nous romançons tous notre vie, d’une manière ou d’une autre, certains prennent des photos, d’autres filment leur quotidien. Chacun ressent le besoin de magnifier plus ou moins fortement sa réalité et cela peut prendre plusieurs formes. Tout comme chacun ressent plus ou moins le besoin de l’exposer. Entrer dans la réalité d’une tierce personne peut parfois paraître intrusif, à nous de s’ouvrir ou non à celle-ci.
Finalement, chaque objet de l’exposition, même s’il est lié à une histoire commune, retranscrit une réalité qui lui est propre. Boutros ne cherche pas la représentation du réel mais plutôt à le transfigurer et le dépasser, à aller au-delà de la matérialité des objets et à porter davantage une attention sur le sens de ceux qui nous entourent et que nous utilisons. Il remet en doute leurs usages dans la vie courante à travers ceux dans l’exposition et c’est cela qui peut nous faire douter quant à leur ancrage dans la réalité. Un vrai engagement personnel de la part du spectateur s’impose alors, quant au fait de croire ou non aux histoires racontées à travers les objets de Boutros. Ainsi, si l’on veut réellement comprendre l’histoire, la nature et le sens des objets exposés, il faut donc lui faire confiance.
Après tout, n’est-ce pas ce que l’on peut venir chercher dans une exposition contemporaine, c’est-à-dire de nouvelles perceptions du réel qui nous poussent à la réflexion ?
Derrière les œuvres de Boutros se cache un récit dont il ne tient alors qu’à nous d’y croire ou non.
Amandine Lemaire et Juliette Mathieu
Comment l’exposition The sun is my only ally transpose les objets du quotidien dans une nouvelle réalité ?