Mathis Collins s’est inspiré dans ses panneaux de l’humour slapstick. En effet, on retrouve beaucoup de scènes inspirées de cartoons où l’un des personnages tient une batte s’apprêtant à taper sur son rival/ son acolyte. Ce sont les personnages qui s’entendent à merveille tel que “chien et chat”! Ses personnages sont très caricaturés et l’humour est exagéré. On retrouve la fameuse batte de baseball dans le théâtre des marionnettes et l’enclume sur le point de tomber sur l’un des personnages. Dans Artiste policier surpris par la mort, le personnage est pris au dépourvu par la mort (le squelette), seul le spectateur connaît la chute.
En quoi la mise en scène des personnages des panneaux de Mathis Collins renvoient-ils à l’humour slapstick?
Le cinéma burlesque américain
Les panneaux de Collins renvoient aux cinéma burlesque américain. Ils sont d’un comique extravagant et déroutant. En littérature, ce burlesque repose sur le jeu de décalage entre la grandeur et la trivialité. Dans les panneaux de Collins comme dans le cinéma, le comique est principalement joué par la gestuelle (coups portés sur un personnage, rire satirique, claque dans la tête, doigts dans les yeux, les gens tombent, etc.). Ici, le sujet de la violence est complètement dédramatisé.
L’humour que partage Collins avec le spectateur est le slapstick, “slap” signifiant taper et “stick”, le bâton. Un slapstick était à l’origine une pagaie inoffensive composée de deux morceaux de bois qui entrechoqués ensemble produisaient un coup retentissant lorsque la pagaie frappait sur quelqu’un. Ce terme provient aussi des “battochio” des bateleurs italiens, un objet très bruyant avant tout. Au Moyen-Âge, le bateleur est un jongleur qui joue sur une place publique, il fait partie du spectacle et le but de sa présence est de faire rire. Le slapstick semble être entré en service pour la première fois au XVIème siècle, lorsque Arlequin, l’un des personnages principaux de la commedia dell’arte italienne, l’a utilisé sur le postérieur de ses victimes.
Les dessin animés: les cartoons
L’enclume dans Artiste policier hué (détail) renvoie aux cartoons américains. Elle s’apprête à tomber sur la tête de Mathis Collins, l’artiste-policier. Il se moque de lui-même, comme s’il était un comédien hué sur scène et prêt à être assommé. Comme l’enclume, la batte renvoie à la matraque des gendarmes et à l’humour slapstick. Le scénario idéal correspond au gendarme qui court après le voleur/ le clown/ le vagabond et se prenant parfois lui-même des revers de bâtons comme Mathis Colins qui se moque de lui-même. La comédie slapstick est un genre qui tourne autour de l’humour physique, de l’exagération et de l’aspect comique de la violence. Souvent, l’histoire n’a pas d’intrigue concrète mais seulement une série de faits, d’actions sans explication mais qui font rire.
Les cartoons référencés par Collins sont Tom et Jerry, Bip Bip et le coyote, Titi et Grosminet… Dans ces exemples, seulement une prémisse générique existe mais cela ne signifie pas que l’épisode est moins drôle. Le modèle des épisodes est répétitif: on a l’intro où l’un des personnages pose un piège à son rival puis arrive l’exécution où quelqu’un se fait frapper par une batte, une enclume, etc. Enfin les personnages sont atteints de blessures plus ou moins graves, ils sont couverts de bandages mais guérissent en un clin d’œil et repartent en bonne santé pour un nouvel épisode.
De même, dans le panneau Artiste policier et le Guignol’s Band, la marionnette est une représentation du théâtre de Guignol avec le castelet et des marionnettes : on retrouve le gendarme avec sa matraque et son chapeau bicorne dans 3 états : il est celui qui donne, reçoit le coup de bâton et s’apprête à être surpris par celui qui se cache derrière le rideau. On retrouve ici le même scénario que les cartoons.