L’évolution des couleurs primaires dans les œuvres d’art

Le symbolisme des couleurs est présent dans notre quotidien. Ces couleurs évoquent en nous des sensations, des sentiments dans certains cas. Elles ont des significations claires. Nous allons ici nous concentrer sur les couleurs primaires. Les couleurs primaires se retrouvent dans tous les domaines comme l’architecture, la peinture ou encore la sculpture. Elles sont utilisées par tous et sont généralement la base du vocabulaire de l’artiste. Chaque couleur primaire possède alors sa signification et son utilisation varie en fonction du style artistique.

Prenons comme exemples 3 périodes différentes avec leurs propres significations.

1.LE MOYEN-ÂGE :
C’est au Moyen Âge que le bleu est peu à peu devenu la couleur emblématique de l’Occident chrétien. Couleur de deuil éclaircie, égayée, elle est devenue celle de la Vierge
-- Or (jaune) : richesse, noblesse, foi, avarice, fausseté, félonie, trahison, paresse, envie
-- Gueules (rouge) : force, courage, largesse, charité ; orgueil, cruauté, colère
-- Azur (bleu) : loyauté, justice, sagesse, science, fermeté, amour fidèle, sottise, roture, bâtardise

2.LA RENAISSANCE:
Au début du XIVe siècle, les théories sur la couleur issues de l’Antiquité et du Moyen-âge continuent à prédominer, alors que certains esprits scientifiques s’essayent à la construction des premiers espaces de couleurs. Parallèlement à cette évolution, les peintres et les artistes ont déjà une bonne connaissance des mélanges de couleurs. On découvre alors que l’ensemble des couleurs peuvent être obtenues à partir d’une base de trois couleurs primaires : le bleu, le rouge et le jaune.
Les artistes cherchent à imiter les couleurs de la nature sans forcément y apporter une symbolique.

3.L’ART CONTEMPORAIN:
Anish Kapoor fait des installations avec des pigments qu’il sculpte selon des formes variées. La couleur se fait œuvre et espace. La couleur a donc connu des périodes où elle a changé de sens pour passer du symbolique à la couleur locale à partir de la Renaissance. À l’époque contemporaine, elle est utilisée pour ses qualités propres, comme nous le montre Anish Kapoor. Elle devient sculpture monumentale avec sa densité propre. Elle s’expose avec les monochromes.
Aujourd’hui beaucoup d’artistes se basent sur la symbolique des couleurs dans leurs œuvres, or certains, comme Mathis Collins, qui n’y apporte peu d’importance.

Signification des couleurs d’après Michel Pastoureau:

 Michel Pastoureau est un historien médiéviste français, spécialiste de la symbolique et de l’histoire culturelle des couleurs, des emblèmes, de l’héraldique, et de l’histoire culturelle des animaux.
«Les couleurs ne sont jamais là par hasard, elles véhiculent des sens cachés, des codes, des tabous ou des préjugés. Elles pèsent sur notre vie quotidienne, notre langage et notre imaginaire. Elles ne sont ni immuables ni universelles et ont une histoire mouvementée.» Extrait d’un récit de Michel Pastoureau.

Rouge: Révolutionnaire, censeur et aguicheur, c’est la couleur archétypale. Le rouge appartient aux rois ou au Diable, à la charité ou aux guerriers. Le rouge est sans doute la couleur la plus ambivalente qui soit.

Bleu: Longtemps silencieux jusque dans le lexique latin où il ne trouve guère d’équivalent, le christianisme médiéval le pousse soudainement sur le devant de la scène. Dans le jeu hiérarchique des identités, Dieu devient lumière. «Et la lumière devient… bleue !», raconte Michel Pastoureau.
Fixé dans l’iconographie liturgique, le bleu a intégré un système de valeurs et s’est posé en nouveau contraire du rouge. Mais jamais, en Occident. Il éclate dans les vitraux gothiques, fait son entrée en politique en parant le roi de France.

Jaune: Celui à qui l’or a ravi son prestige depuis le Moyen Âge, absorbant les symboles positifs de la lumière et de la puissance. Aujourd’hui mal-aimé, le jaune ne l’a pas toujours été. Les peuples de l’Antiquité révèrent en lui le soleil et lui accordent une place importante dans les rituels religieux.

 

 

 

Ces 3 couleurs apparaissent dans le cubisme, l’abstraction le dadaïsme ou le fauvisme. On les retrouve dans des œuvres connues:                                                                                                                                                        Joan Miro, qui utilise une palette de couleur noir blanc et primaires et tout support comme architecture, sculpture et peinture.                                                                                                                                                Mondrian (1920, nouveau réalisme), avec le tableau New York, avec une accumulation de lignes et de couleurs primaires créant au public une vibration optique apportant un rythme à l’œuvre.

Et dans les oeuvres de Mathis Collins ?

Mathis Collins fait parti du mouvement d’art brut. On retrouve dans la plupart de ses œuvres du bleu, du jaune et du rouge. Parfois utilisé en fond ou alors pour colorer ses personnages. Nous pouvons alors nous demander s’il y a une signification particulière à l’utilisation de ces couleurs ?

L’Art brut est le terme par lequel le peintre désigne les productions de personnes sans culture artistique. Définissant un art de « ceux qui travaille en dehors des circuits classiques», un art qui comprend à la fois l’art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés. Des couleurs pour déconstruire les idées reçues et tenter d’appréhender l’art brut :

-le rose pour l’enfance, évoquant cette confusion tenace entre le dessin d’enfant et l’art brut
-le noir pour les liens qui unissent malgré eux l’art brut et l’art primitif
-le rouge pour le génie ou la folie
-le vert pour le sauvage, prétexte à déconstruire l’idée d’un art non civilisé
-le gris pour la notion d’enfermement
-le bleu pour nous provoquer au point de vu politique

Dans ces œuvres, Mathis Collins aborde principalement des sujets liés a la politique. On peut voir sur plusieurs tableaux, le symbole de la Révolution Française. La cocarde avec les couleurs du drapeau français.
On peut donc alors faire un lien entre les œuvres de Mathis Collins et la symbolique des couleurs de Michel Pastoureau, avec la présence du bleu (politique) et du rouge (révolutionnaire).
L’utilisation des couleurs primaires n’a pas réellement d’importance, et n’est pas le sens principal du tableau, mais cela permet seulement de mettre en avant les caractéristiques de ses personnages.